Chronique

Sean Noonan Pavees Dance

Tan Man’s Hat

Malcolm Mooney (voc), Jamaaladeen Tacuma (b), Ava Mendoza (g), Alex Marcelo (synth), Sean Noonan (dms, voc)

Label / Distribution : RareNoise Records

Voici le deuxième album de Pavees Dance, projet de Sean Noonan, un batteur/compositeur/chanteur qui préfère qu’on le présente comme un raconteur d’histoires rythmiques. La formule prend tout son sens à l’écoute de ce Tan Man’s Hat, parce que c’est toute une histoire, ce disque. Rock, jazz, punk, psychédélique (on croirait parfois entendre Hendrix) et un peu de tout ce qu’on veut pour ce qui est du style.

L’album commence dans une tension, un équilibre qui semble ne tenir qu’à un fil, fragile. La menace d’une rupture imminente plane et maintient l’ensemble dans un état d’urgence. Les thèmes actuels de destruction de l’environnement, de partage des ressources, d’accueil des plus démunis sont traités sous l’angle de la science-fiction, des voyages interplanétaires, histoire de prendre du recul et de transposer les problèmes à plus grande échelle. De rebondissements en crashs volontaires, la musique est criée et projetée sans égards, mais avec une habileté affirmée qui met en avant les musiciens de Pavees Dance, véritables artisans du son. Le nom du groupe ne suggère rien d’autre : les Pavees sont des membres de la minorité ethnique nomade d’Irlande, artisans et bricoleurs itinérants, capables de fabriquer des objets avec les matériaux disponibles.

Sean Noonan est un conteur qui sait, à partir de récits hétéroclites, nourrir son imaginaire pour en faire toute une histoire. Et qui sait avec qui il pourra la raconter : le poète et plasticien Malcolm Mooney écrit et arrange ses textes directement sur la musique de Noonan, le bassiste Jamaaladeen Tacuma est le partenaire de danse du batteur ; Ava Mendoza, nouvelle venue à la guitare, prend sans effort la place qui lui revient, et Alex Marcelo permettrait à Sean Noonan d’extraire de sa tête des mélodies improbables et difficiles à retranscrire (c’est l’intéressé qui le dit). Avec une telle formation, Tan Man’s Hat part dans tant de directions qu’il y en aura pour tout le monde. À condition d’aimer les histoires.