Scènes

Sébastien Llado 4tet au Moulin à jazz

Exigeant et généreux, simple et riche, spontané et savant : le quartet de Sébastien Llado tel qu’il s’est donné au Moulin à jazz de Vitrolles ce 20 octobre.


Voilà un jazz aux bien bonnes vertus. Le quartet de Sébastien Llado, tel qu’il s’est donné au Moulin à jazz de Vitrolles ce 20 octobre. Exigeant et généreux, simple et riche, spontané et savant. On dira que c’est la base du jazz, tel qu’on le croise presque toujours dans cette forme-là. Presque…

Voilà un jazz aux bien bonnes vertus. Le quartet de Sébastien Llado, tel qu’il s’est donné au Moulin à jazz de Vitrolles ce 20 octobre. Exigeant et généreux, simple et riche, spontané et savant. On dira que c’est la base du jazz, tel qu’on le croise presque toujours dans cette forme-là. Presque…

Un bel attelage donc, tenu tout en souplesse et en sourires par le musicien d’origine catalane (de Perpignan). Prenons son poulain, le jeune batteur Gautier Garrigue aux quatre sabots impétueux. Comment le tenir en bride ? Peut-être à coups de balais… qu’il semble ne pas trop goûter pour l’instant. On verra plus tard. Là, il fonce, tout en fougue et en précision, embarque dans ses ruades la contrebasse de Yoni Zelnik, très volubile lui aussi – on le croise dans les meilleures formations, et il était encore au Moulin en avril dernier avec le quartet de Sandro Zerafa.

Sébastien Llado 4tet. Ph. Gérard Tissier

Tandis qu’à l’autre bout de la piste, dansant sur son clavier bien stimulé, Rémy Decormeille – brillant – réordonne la rythmique, part dans les plus fermes galops pour croiser le cuivre avec le tromboniste leader. Le mélange aurait pu détonner trop vite à nos oreilles - que, justement, le quartet a su préserver et apprivoiser, de la ballade au lâcher plus sauvage mais jamais explosif, dans les excès que peut facilement atteindre cet instrument puissant jusqu’à la sauvagerie. En fait un violon, voire un violoncelle – y compris dans le jeu : pincer la note juste, non pas sur le manche, entre la corde et le doigt, mais d’un coup de main jeté via le bras par le corps tout entier, tout se passant « en coulisse » et sur scène, en feulements et en clameurs contenues.
Instrument plutôt rare que ce trombone – de mémoire, on compte ses servants français connus sur les doigts des deux mains. Le plus curieux veut que le Moulin de Vitrolles en ait programmé trois d’affilée : Mathias Mahler de Journal intime, Sébastien Llado, donc et, ce 10 novembre, Pierre Baldy-Moulinier avec le Quartet Novo…

Sébastien Llado. Ph. Gérard Tissier

Encore moins présente sur les scènes de jazz, la conque, aérophone ancestral et assez limité (le plus souvent à une seule note). C’est d’ailleurs pourquoi il faut jouer de plusieurs coquillages, tour à tour ou simultanément, « accordés » différemment et pouvant produire des harmoniques très particulières. Notre tromboniste joue donc des conques, s’en amuse, les « sample » et crée ainsi un univers riche en sonorités et en rythmes, ajoutant comme un cinquième élément au quartet.

Un beau jazz aux saveurs consensuelles, inventif sans outrances, proposant des compositions multiples – de Sébastien Llado pour la plupart, mais aussi de ses comparses, en passant par un hommage à Wayne Shorter et, en rappel, le Billie Jean de Michael Jackson.