Chronique

Simon Rummel Ensemble

Singinging

Lucia Mense (flûte à bec), Joris Rühl (cl), Georg Wissel (as, cl), Udo Moll (tp), Matthias Muche (tb), Carl Ludwig Hübsch (tu, voc), Michael Griener (dm), Radek Stawarz (vln), Oxana Omelchuk (synth, voc), Ketonge (synth, voc), Simon Rummel (p, voc, harmonium, melodica) + La chorale transcendantale

Label / Distribution : Umlaut Records

Après nichts für alle (2014) et In Meer (2015), le Simon Rummel Ensemble signe ici son 3ème album chez Umlaut.
Le pianiste-compositeur, à l’aide de son orchestre à l’instrumentarium atypique, nous propose une musique inclassable. D’un morceau à l’autre et parfois même à l’intérieur de la même pièce, on se retrouve face à un big-band, un ensemble contemporain, une harmonie municipale bavaroise, un groupe d’improvisateurs ou un orchestre de cabaret. Simon Rummel qui, sur son temps libre, dirige des chorales et, tous les dimanches, tient l’orgue dans une église de la banlieue de Cologne, ne veut pas choisir. Sa musique est tout cela à la fois et quelle que soit l’esthétique utilisée, elle l’est au premier degré, sans dérision distanciée. Il n’écrit pas en réaction par rapport à la manière dont les choses se font habituellement, il construit à sa manière. On retrouve cette liberté de forme et de ton dans l’objet-disque qui est de toute beauté. La pochette (surprise) est une feuille cartonnée pliée comme une enveloppe dans laquelle on trouve toutes sortes de goodies.

Revendiqué comme un répertoire de pièces abandonnées auxquelles il faut redonner une chance, le disque cultive le goût de la fragilité et de la sincérité. Particulièrement dans l’utilisation de la voix. Lorsque Rummel, Carl Ludwig Hübsch, Oxana Omelchuk et Ketonge délaissent leurs instruments pour devenir chanteurs-solistes ou lorsque sur trois morceaux apparaît la Chorale Transcendantale, on retrouve l’état d’esprit libre et décomplexé du Au Bordel et du Toi-même de Noël Akchoté ou de l’Art de la Retraite Sonne de l’ARFI.
De la reprise de « La Tendresse » (popularisée par Bourvil et Marie Laforêt) à « De Sprong, o Romantiek der Hazen » de Misha Mengelberg en passant par les compositions de Rummel, les treize titres du disque sont tous essentiels et fascinent par leur joie et leur liberté.