Chronique

Sophia Domancich

Le Grand Jour

Sophia Domancich (p)

Label / Distribution : PeeWee !

A l’occasion de la remise en route du label Pee Wee qui fit les belles heures du jazz hexagonal des années 90, Sophia Domancich nous fait découvrir un nouveau répertoire en solo. Elle s’installe au piano, ponctuellement au Fender Rhodes, et renoue avec un univers où la rigueur du geste est le viatique d’une poésie impressionniste qui ne manque pas de complexité.

Sans avoir l’air d’y toucher, justement, elle développe des idées musicales qui s’articulent autour de phrases simples où le silence, propice à la méditation, permet l’épanouissement d’une pensée qui semble comme couler de ses doigts. Car son élan intérieur trouve naturellement sa forme dans un jeu qui est pleinement celui du clavier .

Les aigus, enchanteurs jusqu’au trouble, et les basses affirmées sont les moyens d’investir un large éventail d’émotions, des plus tendres aux plus inquiètes - voire inquiétantes, traversées subrepticement d’heureux éclats de lumière. Évitant les sautes d’humeur toutefois, la pianiste traverse le disque d’une démarche égale, variant les éclairages pour mieux accompagner l’auditeur.

Après une ouverture hommage à John Lewis, elle évite un vocabulaire trop immédiatement jazzistique et raconte son histoire avec un langage qui lui est propre. On la suit avec d’autant plus d’intérêt qu’elle sait nous bouleverser avec empathie et sans nous mettre à terre, nous invitant à une promenade à ses côtés le long de ce grand jour.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 27 juin 2021
P.-S. :