

Kvien Brunvoll, Urheim & Moskus
Barefoot in Bryophyte
Mari Kvien Brunvoll (voc, elec, perc, zither), Stein Urheim (voc, g, fl, elec), Anja Lauvdal (p, keyb, voc), Fredrick Luhr Dietrichson (b, cello), Hans Hulbækmo (dm, perc).
Label / Distribution : Hubro
En Norvège, la musique est une histoire de famille. Prenez le cas d’Hans Hulbækmo , batteur du groupe Moskus : il est le fils de Tone Hulbækmo et Hans Fredrik Jacobsen, musicien·ne·s folkloriques renommé·e·s, et frère du claviériste et saxophoniste Alf Hulbækmo. Cet exemple est significatif : comparativement à la France qui compte un peu plus de soixante-huit millions d’habitants, la Norvège, avec ses cinq millions et demi, recense un nombre très impressionnant de musicien·ne·s de renom. N’échappant pas à cette règle, Mari Kvien Brunvoll a été à bonne école par l’intermédiaire de sa mère, la chanteuse de jazz et pianiste Inger Johanne Brunvoll. Cette maturité artistique se ressent fortement dans la construction harmonique où son chant se mêle à la guitare de Stein Urheim avec lequel elle a enregistré plusieurs albums en duo.
Cette paire d’artistes s’ouvrent à toutes les formes musicales et s’associent ici au groupe Moskus afin de donner naissance à Barefoot In Bryophyte, album où les traces de folklores nordiques se confrontent aux multiplicités du jazz. Anja Lauvdal, Fredrik Luhr Dietrichson et Hans Hulbækmo, les trois têtes pensantes du trio Moskus, avancent de front avec Mari Kvien Brunvoll et Stein Urheim. L’impression d’avoir affaire à un groupe soudé depuis des années surprend favorablement. Les arpèges introductifs à la guitare de « Nils Klim » et d’« Agadeda » font étonnamment penser aux tout premiers albums de Genesis et de Lindisfarne, un soupçon de folk électrifié un peu acide magnifié par la chanteuse apporte le relief nécessaire à ces compositions.
Les climats planants et hypnotiques qui se développent dans « Paper Fox » et « Fenomenolodi » apportent un contraste notoire avec l’improvisation atonale de « Yellow Flower », les voix superposées y sont éblouissantes. Le quintet fait défiler des séquences raffinées tout en conservant un format musical simple, preuve de la maîtrise des arrangements musicaux de la part de ces musicien·ne·s.
Barefoot In Bryophyte réussit l’exploit de concilier la recherche instrumentale tout en magnifiant les voix, à l’image de « Limits » qui apporte une conclusion féérique à l’album. L’absence de barrières stylistiques et la narration sans cesse captivante procurent un merveilleux moment d’écoute.