Chronique

Sylvain Rifflet

We Want Stars

Sylvain Rifflet (ts, cl), Bettina Kee (keyb), Vincent Taeger (d)

Label / Distribution : Magriff

Agrémenté de trouvailles électroniques développées par Bettina Kee, We Want Stars se déguste comme un vin aux arômes fruités, la sonorité veloutée de Sylvain Rifflet fait écho de manière singulière aux percussions chamarrées de Vincent Taeger.

« First Dance » ouvre l’album et introduit savamment un univers cinématographique propre au saxophoniste qui, il y a déjà seize ans, fut récompensé du prix de la meilleure musique au Festival international du film de Dubaï pour le Dernier Maquis réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche. Sylvain Rifflet ne précipite jamais les choses, il préfère survoler les airs mélodieux avec une grâce qui n’appartient qu’à lui. Ecoutez comme sa technique faite d’une imperturbable élasticité s’immisce dans le tempo rapide de « The Mojo ».

La formule originale de ce trio permet des audaces harmoniques, et les climats futuristes qui font référence au courant de la musique electro s’adaptent aisément à la diversité des compositions. Le traitement sonore habilement déployé par la claviériste dans « Ma​̌​ma​̌​hu​̄​hū » où elle soutient les phrasés de la clarinette évoque astucieusement l’harmonium indien. La finesse avec laquelle Bettina Kee dispense ses climats sophistiqués dans « For John Surman » épouse, là aussi, idéalement les arabesques de Sylvain Rifflet. Ce très bel hommage au saxophoniste britannique témoigne d’une immense dévotion de la part des trois musicien·nes, la partie de batterie acoustique de Vincent Taeger en conclusion de la pièce parachève le thème. Très inspirée, l’élaboration rythmique installée par le batteur dans « Riffology » souligne bien le chant d’allégresse de Sylvain Rifflet. Jamais nous ne sommes confrontés à un jeu de saxophone viril, les improvisations sont déliées, d’une rare lisibilité.

La facilité avec laquelle la musique se propulse dans We Want Stars tient à une écriture limpide couplée à des interventions solistes harmonieuses. La facilité avec laquelle on se plonge dans ces dix compositions hypnotiques témoigne d’un équilibre épatant.

par Mario Borroni // Publié le 20 octobre 2024
P.-S. :