Chronique

Philip Catherine

75 Live at Flagey

Philip Catherine (g), Nicola Andrioli (p,synth), Bert Van Den Brink (p), Bert Joris (tp), Philippe Aerts (b), Nicolas Fiszman (g,b), Antoine Pierre (dm), Gerry Brown (dm), Isabelle Catherine (voc)

Label / Distribution : Out There / Out Note

Les années passent mais une magnifique vitalité étreint Philip Catherine, en témoigne cet opus important dans la carrière du guitariste belge. Enregistré dans l’institution culturelle bruxelloise Le Flagey en 2017 pour la célébration de ses soixante-quinze ans, ce témoignage sonore n’est pas qu’une réunion d’anciens amis mais bien la célébration d’une carrière diversifiée avec un maître mot : la beauté !

Rien ne nous détourne alors de cette belle incursion dans le temps avec des morceaux revisités et sublimés par les musiciens qui se succèdent sur la scène. L’instrumentation est pour le moins originale, outre notre cher guitariste, deux pianos, deux batteries, une basse et une contrebasse, une trompette et cette guitare enchanteresse qui s’adapte aux différentes ambiances qui se succèdent.
Philip Catherine a toujours su privilégier les mélodies que l’on retient aisément tout en leur insufflant ce groove reconnaissable qui le démarque d’autres guitaristes.

Tout au long de sa carrière les rencontres importantes avec Charles Mingus, Chet Baker, Robert Wyatt, Stéphane Grappelli, Toots Thielemans, Dexter Gordon, Larry Coryell et beaucoup d’autres ont non seulement forgé le style de Philip Catherine mais en toute fin ne l’ont absolument pas enfermé dans une catégorie musicale, la liberté n’a que trop de prix pour lui qui vénère avant tout Django l’éternel et génial voyageur.

Nombre de morceaux qui figuraient sur son premier disque sont ici joués avec un renouveau bienvenu, les accents bop et les formes rythmiques révèlent ce jeu guitaristiquement mezzo-voce qui ne ressemble à aucun autre. N’oublions pas l’incursion réussie que fit Philip Catherine dans cette électrification propre au Jazz-Rock et où avec son groupe des années soixante-dix il damait le pion à Weather Report ou Return to Forever, preuve en est avec « Nineteen Seventy Fourths » composé par John Lee et qui est l’un des sommets de ce disque, un exposé parfait de ce qu’une composition peut apporter d’envoutant et où pour être dans le timing on se doit d’avoir une forme épatante, soixante-quinze ans d’âge, on peine à imaginer cela réel.
Les standards ne sont pas en reste dont le « So In Love » de Cole Porter merveilleusement interprété et comme pour unifier hier et aujourd’hui « You Don’t Know What Love Is » se révèle une pièce déterminante de cette soirée, la voix diaphane d’Isabelle Catherine distillant un charme incontournable.

Philip Catherine prend son envol avec majesté à chaque occasion qui lui est offerte et il laisse respirer ses invités que l’on ressent heureux d’être à ses côtés. Notons que cette expérience vient d’être renouvelée puisqu’à l’automne 2022 une nouvelle carte blanche a eu lieu toujours au Flagey afin de célébrer cette fois les quatre-vingt ans de cet artiste intègre et inventif.