
This Is Pan
Taller In Your Dream
Matthias Kohler (as), Lukas Thoeni (tp), Dave Gisler (g), André Pousaz (b), Gregor Hilbe (d).
Label / Distribution : Anuk Label
Découvert aux côtés de Luzia von Wyl dans une évocation colorée du cirque, le groupe suisse This Is Pan, qui partage avec l’Ensemble de la pianiste le bassiste André Pousaz a également un univers plus pastel que Taller In Your Dream invite à découvrir. Avec le quintet dirigé par le saxophoniste Matthias Kohler, on est dans un univers qui rappellera une certaine école helvétique autour notamment de Christoph Irniger ; on ne s’étonnera pas d’entendre dans l’orchestre le guitariste Dave Gisler, membre du Pilgrim d’Irniger, mais aussi titulaire d’un trio connu pour avoir joué avec Jamie Branch. Comme sur le très évanescent « I Wake In My Childhood Bed », où sa guitare donne corps à une lente rêverie de la base rythmique où Pousaz croise Gregor Hilbe. Le propos de This Is Pan n’est ni dans la surenchère, ni dans la facilité, l’écriture de Kohler favorise la simplicité et la ligne claire, dans emphase ; le son très pur de son alto en témoigne.
Comme dans Lockdown Circus, on retrouve le dialogue entre la trompette de Lukas Thoeni et le saxophoniste comme clé de voûte de l’orchestre, la guitare venant sceller le couple, à l’instar de ce que l’on entend dans « The Forest Sings To Me », de loin le morceau le plus emblématique de ce bel orchestre. Thoeni y est lumineux aux commandes d’un jazz très contemporain qui assume de jouer comme un big band miniature. On s’intéressera tout particulièrement à ce trompettiste qui veille à faire briller ses collègues dans une démarche très collective, à l’image de la « Danse du renard » où le propos très dense mêle toujours les soufflants aux enluminures de la guitare.
Il y a beaucoup d’espace dans la musique de This Is Pan, ce qui laisse la place au rêve et à la poésie. « Exploring Memory » où le quintet invite la chanteuse et poétesse australienne Kristina Berardi est aussi la marque d’un orchestre qui aime construire un climat propice à ses invités ; une musique comme une architecture solide qui sait transcender leur propre univers pour aller à la rencontre, sans fioriture ni joliesse inutile. De la belle ouvrage.