Chronique

Dave Gisler Trio w jaimie branch & David Murray

See You Out There

Dave Gilser (g), Raffaele Bossard (b), Lionel Friedli (d), jaimie branch (tr), David Murray (ts)

Label / Distribution : Intakt Records

Le guitariste helvétique David Gisler a de la suite dans les idées. Son trio ayant joué avec la trompettiste américaine jaimie branch (sans majuscule, à sa demande), il en a fait un disque - chroniqué dans ces colonnes - et il penche pour intégrer cette dernière au trio de façon quasiment définitive. L’alchimie énergique et l’interaction entre les quatre musicien.ne.s le justifie parfaitement. Aussi, entre les concerts pré-pandémie, le confinement et le retour en studio, c’est une nouvelle rencontre, avec le saxophoniste ténor américain David Murray, qui va une nouvelle fois bouleverser les plans. Le trio-quartet va donc devenir un quintet en studio et c’est cette musique qui est proposée ici. La structure n’en souffre aucunement car le saxophoniste sait très bien répondre aux nombreuses sollicitations des quatre musicien.ne.s et que ce soit sur les tempi très rapides et presque brutaux ou lors de séquences aériennes tout en effets sonores, la cohésion permet toutes les inventions.
Une nouvelle fois, il faut apprécier le travail de fond du batteur Lionel Friedli et du bassiste Raffaele Bossard, très en phase sur tous les morceaux et qui permettent aux trois solistes de belles envolées. Le matériel, en partie écrit, convoque le lyrisme dans la tonalité et le rock dans les effets saturés. On retrouve le thème « Better Don’t Fuck with the Drunken Sailor », issu du live précédent, mais pour le reste il s’agit de nouvelle musique. C’est dans ce trio aussi qu’on entend toute l’attaque cuivrée et tenue de la trompettiste qui livre là, en sidewoman, une magnifique prestation qui colle vraiment à merveille au son acidulé de Dave Gisler et son discours enjôleur. Les interventions du saxophonistes, plus rares, n’en sont que plus douces, le ténor étant ici le plus rond de tous les instruments. Il se dégage de l’ensemble une sympathique énergie communicative, que la musique de Gisler transmet avec assurance et nervosité, par un trait de rock, un trait de jazz et un zeste de blues.

par Matthieu Jouan // Publié le 12 juin 2022
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