Chronique

Tomasz Chyła Quintet

Music We Like to Dance To

Tomasz Chyła (vln), Emil Misk (tp), Krzysztof Hadrych (g), Konrad Żołnierek (b), Sławek Koryzno (dms).

Label / Distribution : Alpaka Records

Danser, juste danser, sans chercher des théories compliquées. Le violoniste polonais Tomasz Chyła annonce tout de suite la couleur dans son disque en quintet publié par l’ambitieux label Alpaka Records. Le premier morceau ne prend d’ailleurs pas au dépourvu : on remue ses pieds et son séant, plutôt sur de l’électricité. « Let’s Dance » qui ouvre l’album nous renvoie sans préavis à un jazz-rock pur sucre qui gonflera de nostalgie les amoureux du Mahavishnu Orchestra et de Jean-Luc Ponty ; le guitariste Krzysztof Hadrych, tout comme le trompettiste Emil Miszk s’en donnent à cœur joie, avec un enthousiasme qui chasse toute ironie.

Convenons en, il est difficile de ne pas s’agiter devant cette envie et, si les membres ne bougent pas, ce qui reste de cheveux aux amoureux du rock progressif devrait suivre : « Christopher’s Dance » où s’illustre la paire rythmique du quintet est une charge violente qui ne s’interdit pas quelques moments planants menés par un violon disert. La batterie de Sławek Koryzno nous fait retomber sur terre par une charge violente, bien amenée par la basse électrique solide de Konrad Żołnierek. La danse n’étant pas l’apanage des années 70, le quintet de Chyła nous emmène ensuite dans des ailleurs où l’électricité s’invite volontiers. Ainsi « Thunderbolt » présente une danse plus classique, avant qu’un musculeux solo de guitare ne chasse toute ambiguïté. Si l’étreinte remplace l’entrechat, la trompette de Miszk se charge de donner l’espace nécessaire pour envisager de partir soudainement dans des atmosphères plus éthérées. Le lyrique « A Song For You », beau dialogue entre violon et trompette, est là pour le prouver

Comme avec Da Vinci paru il y a plus de deux ans, le Tomasz Chyła quintet aime à sortir rapidement du cadre imposé, comme pour montrer que l’ensemble du panorama est possible et même parfaitement souhaitable. « You’re Not A Good Person », avec son groove porté par Żołnierek passé à la contrebasse, ouvre encore une nouvelle voie, où la musique écrite reprend le dessus. Music We Like to Dance To est à écouter en miroir avec Da Vinci pour saisir l’ensemble du spectre voulu par l’orchestre, mais aussi sa grande plasticité.

par Franpi Barriaux // Publié le 17 mars 2024
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