Chronique

Tomasz D​ą​browski & The Individual Beings

Better

Tomasz Dąbrowski (tp, elec), Fredrik Lundin (ts), Irek Wojtczak (ts, ss), Grzegorz Tarwid (cla), Max Mucha (b), Knut Finsrud, Jan Emil Młynarsk (dm)

Label / Distribution : April Records

Après un premier album remarqué avec ce septet, le trompettiste polonais Tomasz Dąbrowski, installé depuis des années au Danemark, récidive. Toujours le bienvenu sur le label April Records qui cartographie le jazz scandinave, il amène ses Individuals Beings dans un propos chaleureux où son électronique bataille avec le piano tortueux de Grzegorz Tarwid. Cette figure incontournable de la scène polonaise construit un tapis d’une grande densité avec l’aide et l’opiniâtreté des deux batteurs atmosphériques, Jan-Emil Młynarski et Knut Finsrud, très concernés par une trame de fond percluse d’électricité. C’est tout le sujet de « Bataty » où la base rythmique à laquelle s’ajoute le contrebassiste Max Mucha délimite un terrain où il fait face aux soufflants ; il sont en nombre ici, rangés sous la bannière languide de la trompette : Frederick Lundin est au ténor, tout comme Irek Wojtczak. Le mécanisme de ces Individuals Beings est, c’est contre-intuitif, farouchement collective.

On a le sentiment, çà et là, d’une machine parfaitement huilée, notamment lorsque les soufflants tournent autour de Tarwid avec la régularité d’un engrenage. Une impression que l’on retrouve avec « Lush », où c’est Dąbrowski qui est cette fois-ci à la manœuvre ; comptons sur le travail des batteurs pour engager l’entropie et le doute, comme un facteur minime et imprévisible capable de tout engorger. Ailleurs, avec « Unicorns », le septet construit une atmosphère très onirique grâce au piano lorsque « Bonzer », sans doute le titre le plus audacieux de Better, dévoile une facette plus chaotique, alourdie par l’électronique.

Le propos de Tomasz Dąbrowski est résolument moderne, et dévoile ici un joyeux portrait onirique d’une scène baltique resplendissante. « Skinny Griffin » résume à lui seul ce propos, à la fois orageux et paisible au gré des strates affichées dans ce propos très dense, sans jamais être étouffant tant le trompettiste est attentif à ce que chacun trouve sa place. Des ramifications dépassent même ces frontières nordiques, puisque Dabrowski s’est illustré récemment avec Lundin sur une publication de BMC comme l’avait fait avant lui le batteur Jan-Emil Młynarski.

par Franpi Barriaux // Publié le 22 septembre 2024
P.-S. :