Chronique

Ultra Lightblazer

Patience

Jonas Muel (ts), Edash Quata (voc), Guillaume Matin (b), Mathieu Debordes (cla) + Guests : June Milo (voc), Anthony Jambon (g)

Label / Distribution : Autoproduction

Sept ans après Le Laboratoire, album qui nous avait permis de découvrir l’appétence du saxophoniste Jonas Muel pour les musiques urbaines et les gourmandises funk au sein de son grand ensemble Lightblazer, c’est en version restreinte que nous retrouvons l’orchestre. Il a maigri, devenu Ultra Lightblazer, à envisager comme un rassemblement du centre de gravité davantage que comme une édulcoration. L’orchestre s’est transformé en une machine trapue et certainement plus efficace où le rappeur Edash Quata n’est plus simplement qu’un invité : « Collateral », où sa scansion forme un alliage très efficace avec la jeune chanteuse June Milo, en est un parfait exemple. Le morceau va tout droit, ne s’embarrasse pas de fioritures, porté par la batterie lourde, grasse, idéale de Julien Sérié.

Le nouveau maître rythmicien de Lightblazer connaît son affaire, puisque c’est également le rôle qu’on l’a entendu tenir dans Antiloops. On est d’ailleurs, avec un morceau comme « Loot », dans une atmosphère similaire, percluse de groove que la basse de Guillaume Martin habille d’une certaine élégance, bien secondé par le Rhodes de Mathieu Debordes. Ultra Lightblazer est électrique, sans complexe, d’autant plus quand la guitare d’Anthony Jambon s’invite sur « Radar Part II » pour ajouter une force de frappe supplémentaire. Dans ce morceau comme ailleurs, c’est la prestation de Quata, bien servie par les compositions de Muel qui impressionne et donne à Patience cette teinte si vive.

Devenu quintet, Ultra Lightblazer y a sans doute gagné en cohérence. Le projet, en tout cas, s’avère directement tourné vers un groove pétulant qui s’est nourri des expériences de l’acid jazz et d’un amour assumé des rythmiques impaires appliquées au hip-hop. L’exemple le plus patent est sans conteste l’excellent « Draw or Die », sommet de l’album et mise en ébullition de la doublette rythmique par un Quata survolté. On pensera, de loin en loin, que l’orchestre reluque du côté des Metrics de Steve Coleman, sans en faire ni complexe, ni parole d’évangile. Avec Jonas Muel, c’est souvent l’efficacité qui prime. Incontestablement, le but est atteint.

par Franpi Barriaux // Publié le 19 décembre 2021
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