Chronique

Violaine Cochard Edouard Ferlet

Plucked’n’dance

Violaine Cochard (clavecin), Edouard Ferlet (p)

Label / Distribution : Alpha Classics

Édouard Ferlet continue sa réappropriation du patrimoine classique et donne un second volet à sa collaboration avec Violaine Cochard. Avec beaucoup d’amusement et de respect, le duo bouscule un répertoire qui s’étend cette fois du XIIIe au XIXe siècle et qu’il investit non pas sur la pointe des pieds mais avec des picotements au bout des doigts. Après Bach Plucked / Unplucked, sorti en 2016, consacré à la musique de Jean-Sébastien Bach abordée, en effet, avec une certaine langueur, le piano et le clavecin se donnent aujourd’hui à corps perdu dans des pièces entraînantes qui ont la danse pour point commun.

Devenus un instrument hybride, les deux claviers sonnent comme un seul et roulent des basses profondes qui valent autant par leurs remous cadencés que par la texture dont elles sont faites. Le grésillement métallique du clavecin dérange la droiture un peu corsetée des sonorités du piano et, à l’inverse, ce dernier vient donner une épaisseur que n’a pas son compagnon. Dans une sorte de fugue transversale, ils peuvent alors se faire écho d’une partie sur l’autre et créer une dynamique qui s’ajoute à l’euphorie des compositions.

Bartók, Rameau, Purcell, Satie, Mussorgsky sont ainsi de la fête. Ils passent tous au filtre des arrangements de Ferlet qui les décompose et recompose avec beaucoup de science, sans jamais dénaturer le propos initial. Leur laissant leur noblesse d’origine, il incorpore des parties improvisées qui, dans un espace élargi, apportent alors une vitalité supplémentaire. Soutenu par sa partenaire qui joue des textures avec savoir-faire, les deux font sonner à plein les potentialités des pièces. Le retour à la partition semble être l’aboutissement évident des chemins de traverse qu’ils empruntent.

Texte d’origine et exégèse contemporaine forment un même corpus auquel les quatre mains donnent leur unité. A tel point d’ailleurs que les compositions personnelles d’Edouard Ferlet s’insèrent dans le répertoire général et s’y fondent sans dépareiller, lui conférant même un supplément de contemporanéité.