Chronique

Trio Viret / Ferlet / Moreau

L’ineffable

Jean Philippe Viret (cb, comp), Edouard Ferlet (p, comp) Fabrice Moreau (d, comp)

Label / Distribution : Melisse

Ineffable : « Ce qu’on ne peut exprimer par des mots ou des paroles en raison de son intensité ou de sa nature… ». Ce titre résume bien la musique du trio Viret, qui nous offre toujours un bonheur… ineffable, tant sur disque que sur scène. Ce disque-ci était attendu comme suite logique de ses prédécesseurs [1] ; mais s’il s’inscrit en effet dans une continuité d’expression, il est aussi indispensable en soi.

Le groupe mûrit et fait mûrir son propos au fil des ans, à force de travail, d’enregistrements et de scènes. Troisième album avec Fabrice Moreau à la batterie (Antoine Banville l’avait précédé dans ce rôle), L’ineffable est le septième réunissant Jean-Philippe Viret et Édouard Ferlet. Déjà une décennie et demie pour ce trio pérenne, tenace, persévérant et pertinent. De la complicité entre ces musiciens à l’évidence très soudés et dotés de personnalités fortes est né un son unique, conjuguant ambiances fougueuses et romanesques, lyriques et incisives, souvent en mode mineur.
Des paysages impressionnistes inspirés, de véritables films musicaux en devenir, autant de voyages marqués par des évocations d’horizons lumineux. Constamment fluide, la musique est ici réfléchie, concentrée, virtuose sans démonstration superflue - une aisance naturelle, toute en retenue. L’interaction reste libre, mais les musiciens complémentaires dans la permanence de l’identité sonore, cette tonalité si particulière, à la fois mélancolique et vive, due aussi au travail sur les timbres (batterie et percussions, jeu en archet, résonance du piano…).

Fabrice Moreau, compositeur et musicien accompli, développe une grande finesse de jeu, percussionniste et paysagiste. Edouard Ferlet est d’une extrême délicatesse et d’une précision d’orfèvre. Quant à l’assise rythmique et mélodique assurée par Jean-Philippe Viret, elle maintient le cap de ce projet communautaire désormais dénommé « Trio Viret », qui se bonifie à chaque disque, voire à chaque série de concerts. Un vrai trio équilatéral.

par Pascal Mongénie // Publié le 23 février 2015
P.-S. :
  • Le site
  • En concert le 3 mars 2015 au café de la Danse à Paris et les 8 et 9 mai 2015 au Sunside à Paris

Discographie :

Avec Fabrice Moreau (dms) :
L’Ineffable (2015) (Mélisse / Harmonia Mundi)
Pour (2010) (Mélisse / Harmonia Mundi)
Le temps qu’il faut (2008) (Mélisse / Harmonia Mundi)

Et antérieurement avec Antoine Banville (dms) :
L’indicible (2006) (Minium / Discograph)
Autrement dit (2004) (Atelier Sawano)
Etant donnés (2002) (Sketch / Harmonia Mundi)
Considérations (2001) (Sketch / Harmonia Mundi)

[1D’ailleurs, Jean-Philippe Viret a conçu l’enchaînement des titres comme devant constituer une phrase complète : Considérations, Etant donné l’indicible, Autrement dit, Le temps qu’il faut pour L’ineffable !