Chronique

Web Web

Dance of the Demons

Roberto di Gioia (p, orgue, Fender Rhodes, perc), Tony Lakatos (ts, ss), Christian Von Kaphengst (b), Peter Gall (d), Majid Bekkas (voc, guembri, qarqabou)

Label / Distribution : Compost Records

La présence de Majid Bekkas sur Dance of the Demons est telle qu’on a le sentiment que le joueur de guembri est l’auteur de cet album, au demeurant fort réussi. Sur l’ensemble des morceaux, il mène une rythmique et un groove auxquels il nous avait habitués avec Joachim Kühn et Ramón López notamment. Il y a en effet cette ligne obsédante, ce petit quelque chose au guembri et à la voix qui donne une touche de transe et « Sandia », heureux dialogue entre la basse marocaine et le saxophone de Tony Lakatos, en est emblématique.

Aussi, si l’album est de Web Web et si Majid Bekkas y figure comme « special guest », ne sera-t-on guère étonné qu’il signe ou co-signe six des huit compositions en plus de l’arrangement d’un traditionnel. Reste qu’il serait injuste de réduire cet album à son invité – aussi présent soit-il. Car le tour de passe-passe que réussit brillamment Web Web est de marier une esthétique traditionnelle et des sonorités modernes. Le clavier sur « Dream of the Demons », le chorus volubile au sax sur ce même morceau, la rythmique léchée de Christian Von Kaphengst et Peter Gall, tout ça sonne à merveille, l’alternance et le mélange de la tradition et de l’improvisation – il faut s’arrêter en particulier sur « Safar » – sont impeccables et ce n’est peut-être pas un hasard si l’album se termine avec « Supereruption » que signe le pianiste Roberto di Gioia. La musique de ce disque peut s’apparenter à une puissante coulée poétique dans laquelle on se brûle volontiers.