Andrés Coll Odyssey
Sunbird
Andrés Coll (elec marimba & castanets), Majid Bekkas (guembri, voc), Mateusz Smoczyński (vln), Ramón López (d)
Label / Distribution : Balaio Producciones
Enregistré en concert au Enter Enea Festival en Pologne en 2023, le disque Sunbird du quartet mené par le jeune Andrés Coll est vraiment surprenant. Les leaders au marimba sont rares, d’autant qu’il s’agit là d’un marimba électrique, au format MIDI, encore plus rare. Et Andrés Coll - qui maîtrise la batterie et les percussions - s’est entouré de musiciens aux influences plus que bigarrées.
Le batteur espagnol Ramón López (également aux tablas) est un miroir rythmique dans lequel les trois autres musiciens peuvent se contempler en toute intimité. Au violon, le Polonais Mateusz Smoczyński, fantastique technicien, offre de brillantes mélodies enflammées. Enfin, le choix de Majid Bekkas, musicien marocain au parcours international, au guembri, à la voix et à la kalimba, donne toute latitude au groupe pour s’écarter gaiement des chemins du jazz et fusionner avec les musiques folkloriques de la région.
La région ? Celle qui s’étend tout autour des Baléares, dont est originaire Andrés Coll : l’Espagne, le sud de la France, le Maroc…
Car Coll pousse son travail au marimba essentiellement dans deux directions, la musique d’avant-garde, improvisée et éclectique et la musique folklorique traditionnelle de son île natale. Il joue d’ailleurs avec de grandes castagnettes paysannes qu’il a fabriquées avec son père, dont la manipulation très physique le transforme en diable bondissant. Il faut dire que sur scène, le musicien - aussi bien au marimba qu’aux castagnettes - est sans cesse en mouvement, sautant, gesticulant et frappant avec force et précision sur les lames de l’instrument.
Odyssey porte le nom de ces voyages dont on ne connaît pas vraiment le chemin ni la fin, un disque fait de rencontres avec des musiques proches de la transe gnawa ou des danses Sa Llarga, comme le titre du même nom.
Mais l’ombre tutélaire qui plane sur le groupe, c’est bien celle du pianiste allemand Joachim Kühn. Résident d’Ibiza depuis des décennies, il a pris Andrés Coll sous son aile bienveillante et a enregistré un duo avec lui.
C’est également le cas du violoniste Smoczyński (plusieurs disques chez ACT témoignent de leurs collaborations) qui côtoie Kühn depuis longtemps.
Quant à López et Bekkas, ils forment un duo avec le pianiste allemand depuis presque 20 ans maintenant.
Ce projet aussi diversifié musicalement que rassemble cette figure tutélaire est tout à son image : ouvert et plein d’audace. Il permet surtout à Andrés Coll de se faire connaître, de la meilleure façon possible, avec fracas et soutenu par la génération précédente.