Ariel Bart
Documentaries
Ariel Bart (Harm, comp) Itamar Borochov (tr) Mayu Shviro (cello) Eden Giat (p) David Michaeli (b) Amir Bar Akiva (d)
Label / Distribution : Auto Productions
Beaucoup de contrepoint dans cette écriture à cheval entre le jazz classique – tel qu’enseigné à New York -, la musique classique occidentale et quelques réminiscences moyen-orientales.
Composé en grande partie lors des confinements successifs entre 2020 et 2021 et enregistré en Israël en septembre 21, Documentaries est le second album de la jeune et talentueuse harmoniciste israélienne Ariel Bart.
Entourée d’un orchestre riche en possibilités de textures, elle compose tout le répertoire et imagine les ambiances. Son harmonica tranche avec la rondeur de ses musiciens, mais elle sait parfaitement doser les interventions pour laisser le flot continu gonfler dans un esprit romantique proche des musiques picturales ou cinématographiques. Les arrangements subliment le son d’ensemble, sur le modèle de la musique de chambre.
Ariel Bart a l’attaque douce et les fins de phrases aspirées ce qui, outre une signature, lui donne une profondeur et un détachement vis-à-vis de la mélodie qui semble rester en suspension, même après la dernière note. Les enchevêtrements avec la trompette suave, et rompue aux tropismes séfarades, d’Itamar Borochov sont à porter au crédit de cette couleur particulière qui définit justement le jazz israélien, international mais ancré dans une culture commune. D’ailleurs, un parallèle avec le groupe Big Vicious du trompettiste Avishai Cohen vient assez vite à l’esprit.
Ariel Bart a composé un très beau thème qui ne se laisse pas oublier de sitôt, « Teardrop », sur lequel elle déroule un chorus tout en vibrato léger et accents très swing, une pièce maîtresse de cet ensemble fort réussi. Le soutien brûlant d’Amir Bar Akiva à la batterie propulse la soliste avec énergie. Chaque musicien aura sa place, son moment, au fil des pistes et les arrangements multiples et variées permettent de nombreux schémas d’interactions différents, comme le grave et nostalgique « Nine Souls » sur lequel brille Mayu Shviro au violoncelle.
Documentaries porte bien son nom, c’est l’univers intérieur de l’harmoniciste Ariel Bart qui est ainsi mis en musique et porté à l’écran de notre imagination.