Chronique

Maracuja

Imaginarium

Amina Mezaache (fl), Fabien Debellefontaine (sousa, fl), Jean-Baptiste Court (g), Jonathan Edo (perc)

Label / Distribution : Auto Productions

Maracuja, c’est le fruit de la passion. Celui de la passiflore, qu’on appelle aussi grenadille, pousse sur l’ensemble des régions chaudes de la planète, et singulièrement en Amérique du Sud, d’où la plante provient, mais qu’on peut retrouver dans le sud-est de l’Afrique. Une indication géographique plus que signifiante pour notre quartet où les percussions de Jonathan Edo empruntent aux deux continents, avec une prédominance latine. Le joyeux « Pife Pafe », où la guitare acoustique et bondissante de Jean-Baptiste Court donne beaucoup de mouvement en est un parfait exemple, tout comme la subtile danse des extrêmes entre la flûtiste Amina Mezaache et le sousaphone de Fabien Debellefontaine. On connaît ce dernier dans les registres plus contemporains de Ping Machine ou de Big Four ; Ce serait oublier qu’avec son 1000 Bornes Trio, il avait déjà embrassé une musique dansante, fanfaronne et populaire qui prend ici des coups de soleil.

La passion, pour la flûte de Mezaache et de ses compagnons [1], c’est le Brésil. C’est une évidence dans le très référentiel « Hermetophilie », construction agile que n’aurait pas renié Hermeto Pascoal à qui tout ceci est dédié : guitare et flûte sont intimement liées dans une danse désordonnée pendant que la base rythmique sautillante se révèle d’une grande plasticité. Il en est de même avec « Maracatu » où la flûte lumineuse trace sa route en toute décontraction dans une jungle de rythmes colorés. On avait pu découvrir Amina Mezaache dans ESP Trio dans un style radicalement différent, mais dans Inama (avec Fabien Debellefontaine), elle soufflait déjà un vent du Sud, plus arabo-andalou.

Imaginarium n’est pas de la musique brésilienne, même si c’est l’essence la plus présente. Ce disque court est une ballade en liberté qui traverse les océans et sait aussi inventer des folklores imaginaires, pour peu qu’ils soient chaloupés et créolisés (« Piferie », où Edo est remarquable). Cette grenadille est une bombinette sans prétention qui ensoleillerait jusqu’aux étés les plus mornes. A prescrire aux carencés en Vitamine D.

par Franpi Barriaux // Publié le 11 septembre 2016

[1Debellefontaine joue également de la flûte, notamment sur « Dantão ».