Chronique

David Chevallier & Valentin Ceccaldi

Zèbres

David Chevallier (g), Valentin Ceccaldi (cello)

Label / Distribution : Ayler Records/Orkhestra

Fruit d’un travail préalable à l’initiative de David Chevallier, ce disque entièrement improvisé évite les écueils des musiques qui se créent dans le moment de la rencontre. Pas d’errance en effet ni de round d’observation : les deux protagonistes nous présentent d’emblée une forme de connivence en maintenant entre eux une distance sereine propice au dialogue. Preuves en sont les sept plages plutôt longues qui assurent l’édification d’une matière où l’envie de dire est bien là.

Plus que le propos pourtant, l’élégance du son séduit immédiatement l’oreille. Que ce soit l’exploitation des possibilités de la guitare comme la vibration profondément humaine du violoncelle de Valentin Ceccaldi, les timbres sont finement façonnés et justement agencés. Mêlant des effets de bruitisme légers à des lignes mélodiques serpentines que soutiennent des arpèges déviants, les motifs dessinés privilégient l’évidence de la forme et la clarté de l’intentionnalité.

Car, sans renier leur caractère affirmé, les deux protagonistes jouent de la complémentarité sans effet de surcharge. En accordant une grande mobilité à la distribution des rôles, ils invitent à découvrir une musique limpide qui creuse la confidence et proposent avec douceur une déambulation qui ne cherche jamais à atteindre les confins et leurs excès. Privilégiant les effets de contraste, des jeux sur l’ombre et la lumière, sur le noir et le blanc, ces deux zèbres au vocabulaire large synthétisent plusieurs formes d’esthétique. Avec une inventivité permanente et naturelle, ils écrivent, dans l’instantané et loin des tumultes et des effets de mode, une musique à hauteur d’homme. Discrète, sans doute, mais qui prend son temps et le défie aussi.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 11 novembre 2018
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