Chronique

Louis Sclavis

Asian Fields Variations

Louis Sclavis (cl), Dominique Pifarély (vl), Vincent Courtois (cello),

Label / Distribution : ECM

Asian Fields Variations ravive chez Louis Sclavis les souvenirs du lointain Chine (1987), avec Dominique Pifarély déjà, et évoque, par son approche chambriste qui se dispense de batterie et privilégie les cordes frottées (celles d’un autre partenaire de longue date, Vincent Courtois), l’Acoustic Quartet de 1994. Rodés et enrichis à toutes les expériences mais délaissant les débordements dont ils sont par ailleurs capables, ces musiciens parfaitement complémentaires sont aujourd’hui animés d’un même souci de sobriété voire d’épure.

La virtuosité n’est, en effet, jamais en représentation et sert de médium à la fulgurance du geste. Elle exhausse, lors des moments improvisés, la saveur de compositions qui, en quelques pistes, brèves pour la plupart, sont interprétées en configuration changeante (trio mais aussi solo ou duo) et, sans renier la diversité stylistique des trois signataires, rassemblent les différentes facettes d’un projet commun. Ainsi équitables, les voix se répartissent avec équilibre et finesse quand elles ne se retirent pas dans le silence.

Il en résulte une atmosphère méditative composée de mélodies émouvantes mais discrètes, d’arrangements subtilement dissonants et d’apaisements contemplatifs qui font le lien avec une certaine forme de philosophie asiatique. Sans folklore toutefois, les climats rappellent l’élégance des aquarelles chinoises, les timbres, manipulés avec sagesse dans un registre médian, étant les rehauts éclatants de ce disque. Dessinant par ailleurs des lignes d’une grande pureté, ce trio se situe à la lisière de l’ombre et de la lumière, du doute et de la sérénité et procède, par ce dépouillement, à l’avènement d’une plénitude perceptible notamment dans le très mozartien titre de clôture.