Paru le 9 octobre 2020, le coffret Didier Lockwood - Le jeune homme au violon (JMS / distribution PIAS) - se compose de deux cd, d’un livret de 150 pages et d’un film tourné en 1985 par Jean-David Curtis qui donne son intitulé au coffret. Ce cadeau pour tous les fans de l’immense violoniste natif de Calais, prématurément disparu à l’âge de 62 ans en février 2018, est un hommage. Il a été conçu au terme de six mois de travail par son éditeur au sein du label DISQUES JMS et producteur, Jean Marie Salhani, avec lequel il a collaboré de 1979 et 1995, accumulant près de 20 enregistrements et plus de 1 500 spectacles à travers le monde durant une période « très jouissive, pleine de joie », raconte-il en interview.
Resté prostré immédiatement après le décès de Didier, bien que sollicité par plusieurs journalistes, il met ici en lumière seize années de compagnonnage au travers des témoignages écrits collectés auprès de musiciens qui ont entouré Didier Lockwood – rares et émouvants parce que les musiciens s’expriment plus rarement par écrit. « C’est l’histoire d’un petit prince parti de nulle part et arrivé partout » raconte Patrick Dréhan dans un des témoignages du livret. « Ce coffret de ses années JMS rappelle le rôle essentiel qu’il a joué dans la musique, le jazz, le jazz-rock et fusion au XXème siècle » poursuit-il tout récemment sur les réseaux sociaux.
La sélection de morceaux, dont une majorité retrace les années électriques et fusion du parcours de l’artiste, n’a pas de finalité chronologique. L’objectif assumé par JMS est en effet de réunir des titres parfois peu connus du violoniste qui émancipe le violon jazz, tout juste sorti de l’expérience du groupe Magma, des titres qui affichent une couleur exemplaire, des trouvailles, de l’originalité dans son expression et un savoir-faire évident.
Pêle-mêle, le livret raconte par exemple au fil des témoignages le making-of de la photo de couverture de l’album de 1983 The Kid, dont le morceau éponyme était un des titres phares joués lors de tournées avec JMS (précise son frère Francis Lockwood) : « A cette époque Didier apprenait à jouer au poker (..) Philippe Adler est assis à gauche, Julien Delli Fiori à droite, et Didier dans le rôle de Steve Mc Queen mise tout son argent ainsi que son violon ».
Francis Lockwood nous reprécise par ailleurs que leur père Yves, violoniste lui-même, leur faisait écouter du Stéphane Grappelli, avec lequel Didier a par la suite noué une affection sincère, immense, réelle, mais que le déclic et l’influence majeure sont venus de son écoute du disque King Kong de Jean-Luc Ponty (Jean-Luc Ponty plays the music of Frank Zappa), avec dès lors la recherche d’une puissance dans le niveau sonore du violon.
Francis souhaite que l’on retienne la transe que Didier mettait dans sa musique, ce quelque chose qui transcendait son art, certainement inculqués par Christian Vander : « Ton archet incandescent déversait des lames de feu et de sensibilité » écrit le leader de Magma dans le livret.