Jacques Ponzio et la tentation monkienne
Jacques Ponzio, pianiste, est sur les traces de Monk.
Quelques questions à Jacques Ponzio sur la part de Monk dans son travail de composition, sur son récent abécédaire monkien et sur la tentation monkienne à Marseille.
Les relevés de Monk
Je fais rarement des relevés. Dans un de mes disques précédents, il y avait une composition intitulée « San Francisco Cable Car » qui est directement liée à la perception que j’ai pu avoir des tramways de San Francisco, sachant qu’un des très beaux disques de Monk est enregistré là-bas et qu’on peut voir sur la pochette de l’album une photo de Monk accroché à la balustrade du tramway.
Là,je ne peux pas dire qu’il n’est pas intervenu.
Et puis j’ai ma première composition qui remonte à 87-88 qui s’appelle « Clumsy Hand » : un hommage à Monk que je me suis dédié. « Clumsy Hand » c’est MA main maladroite, pas la sienne !
L’Abécédaire
Personne ne m’a sollicité spécifiquement. J’avais donné ce que je croyais être le mieux sur le sujet il y a vingt-deux ans avec mon « Blue Monk » (Actes Sud).
Mais il y a eu une rencontre que j’ai faite avec un éditeur nantais, Guillaume Belhomme, des éditions Lenka Lente, qui m’a donné envie de remettre ce chantier en route, mais sous une forme complètement différente. C’est-à-dire que j’ai lu et relu les interviews de Monk.
On dit que c’est l’homme du silence mais en réalité il parlait beaucoup ; beaucoup ont essayé de lui tirer les vers du nez et à force ça a fait du volume. Dans tous ces interviews, j’ai choisi des mots-clés : il y en a cent quarante à peu près, que j’ai sorti de leur gangue éditoriale, en quelque sorte. C’est donc un livre bilingue : page de gauche, tout ça par ordre alphabétique, en anglais, et page de droite, la traduction que j’ai pu en donner en regard, au mieux de ce que je pouvais faire.
Ça a donné un abécédaire où il y en a aussi pour les anglophones, y compris au Japon etc. Je travaille tout à fait en confiance avec Guillaume Belhomme, notamment pour la maquette, les illustrations, le choix de photos. C’est un homme qui a énormément de goût dans sa publication et je savais que le livre que nous allions faire ensemble serait de qualité.
La tentation monkienne à Marseille
Il y a pas mal de groupes, même à Marseille, qui jouent principalement, voire exclusivement du Monk, comme le Léo Trio. Le guitariste Paul Pioli joue du Monk, et il a d’ailleurs joué avec eux. Il y a la pianiste Marie Gottrand, que j’ai vue et qui m’a beaucoup impressionné. Ludovic Pradarelli aussi. Bref il y a de quoi écouter la tentation monkienne à Marseille. Mais moi, quand j’en joue, c’est dans le silence de ma salle de musique.
(S’ensuit une digression sur la parution des « Liaisons dangereuses » du grand Thelonious et sur un solo de Charlie Rouse suivi d’un chorus de Barney Wilen : « deux solos différents… c’est vraiment magnifique »).