Chronique

Elsa Martin & Stefano Battaglia

Lyra

Elsa Martin (voc), Stefano Battaglia (p)

Label / Distribution : Artesuono

Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer : depuis très longtemps ils sont imprégnés par l’univers protéiforme de Pier Paolo Pasolini. Elsa Martin a enregistrée Linguamadre : Il Canzoniere di Pasolini en 2020 et Stefano Battaglia avait dédié son double album Re : Pasolini au grand poète italien en 2005.

Inutile de chercher à classer ce disque dans un genre musical bien défini. Les paroles de la chanteuse se déposent élégamment sur le clavier du piano et rappellent par moments l’art du lieder. Le pianiste chevronné s’engage dans un discours qui se renouvelle sans cesse. Le suspense développé dans « Donzel » s’amplifie avec des changements de tonalité initiés par Stefano Battaglia, en quête d’expérimentations. La sensibilité d’interprétation d’Elsa Martin envahit « Casarsa », composition d’une rare délicatesse.

Durant la seconde guerre mondiale, Pasolini et sa mère Susanna se sont installé·es au hameau de Versuta dans la région du Frioul. Le jeune poète en devenir donne alors naissance à des textes qui valorisent le dialecte local, fortement méprisé par les fascistes. Le travail considérable réalisé dans Lyra par Elsa Martin et Stefano Battaglia rend un hommage sensible à Pasolini tout autant qu’à la langue frioulane.

Les intonations mystérieuses délivrées dans « In Forma di Rosa » renforcent l’unicité de ce duo musical qui surprend par son éclat. Merveilleusement accolée aux textes, la musique s’envole.