Chronique

Etienne de la Sayette

Maputo Queens

Etienne de la Sayette (elec, saxes, fx) + guests

Label / Distribution : Paris’DJ

L’année dernière, nous avions à juste titre salué la réussite de Baeshi Bang, l’album en quintet d’Etienne de la Sayette autour d’une vedette de la chanson populaire coréenne. Reparu récemment sur le label Buda Musique en version augmentée, ce disque autrefois autoproduit n’a pas perdu de son charme, et la chronique peut être resservie telle quelle. Cette actualité permet d’en souligner une autre, plus éloignée du jazz à priori, mais qui valide la quête universaliste d’un musicien voyageur dont le saxophone n’est pas la seule arme.

Maputo Queens, paru sur le label spécialisé Paris DJ’s, qui avait par le passé édité un album de remix du Wasteland d’Antoine Berjeaut, est une de ces galettes foutraques qui font le bonheur des dénicheurs de la sono mondiale. C’est idéal, puisque c’est justement à cette sono mondiale que les morceaux sont entièrement dédiés, à commencer par le magnifique « Take a Second », construit comme une ritournelle mandingue électrifiée où se pose le rap dégingandé du phénomène de Chicago RacecaR. Ce n’est pas le seul invité de cet objet bricolé discrètement en solitaire, comme les meilleures surprises. On retrouve ainsi entre autre le batteur David Georgelet, qui côtoie De la Sayette dans l’orchestre Akalé Wubé, sur le chaleureux « Lord Bougainvillard ». Maputo Queens retrace tous les mélanges égalitaires d’avant la pasteurisation de la World Music. Une ballade rétrofuturiste qui est à la fois partout et nulle part, à l’image de « Han Gang », où une kalimba saturée vient se frotter à quelques synthés anciens et délicieusement acides aux reflets asiatiques.

Par ailleurs féru d’afrobeat, ce que le très référentiel « Jungle Blue » ne pourra pas masquer, d’autant qu’il y retrouve son saxophone, De la Sayette jubile manifestement de nous adresser ces cartes postales d’un temps où l’on croyait encore toutes les fusions envisageables. C’est d’ailleurs avec une pointe de tristesse, voire de désabusement qu’on se quitte sur une « Post Card » minimaliste. Ce temps serait révolu, nous dit-on. La foi du charbonnier qui anime ce disque nous assène le contraire. Toutes les fusions sont possibles, pour peu qu’elles soient inventives. Baeshi Bang en était un exemple parfait, Maputo Queens l’affirme définitivement.