Fabiana Striffler & Karsten Hochapfel
La Plume du dimanche
Fabiana Striffler (vln), Karsten Hochapfel (cello)
Label / Distribution : Auto Productions
Profitant de six mois passés sur Paris, la violoniste berlinoise Fabiana Striffler était tout à fait déterminée à poursuivre les rencontres multiples qu’elle enchaîne depuis quelques années avec de nombreux musiciens allemands. On pense à son trio avec Friederike Merz et Johannes van Ballestrem, mais aussi ses nombreuses collaborations avec le claviériste Jörg Hochapfel, au demeurant frère de Karsten Hochapfel, le violoncelliste que nous connaissons bien depuis Zipotam et son approche iconoclaste de la musique écrite occidentale, et qu’on entend désormais naturellement chez Naïssam Jalal ou Odeia, où il peut à l’envi décliner ses passions pour les musiques traditionnelles et leur penchant très onirique. Fabiana Striffler a également travaillé avec Jean-Jacques Birgé et Csaba Palotaï… Nous sommes ici face à des musiciens qui n’aiment rien tant que la découverte et le voyage.
C’est exactement ce qu’on retrouve dans les compositions de Striffler, notamment « Dance » et son attaque guillerette et farouche qui fait le bonheur des cordes pincées dans un léger tourbillon, un vent mutin. Les compositions d’Hochapfel le confirment, la plume du dimanche, double référence de légèreté et de calme, est placée sous le signe de la concorde. Ainsi « Labour », le très beau titre que le duo a décidé de mettre en exergue, est une danse profonde où le violoncelle évoque la terre, quelque chose d’ancré, quand le violon a la vigueur d’une pluie de printemps. Juste à sa suite, « La Plume du dimanche », écrit aussi par Hochapfel, est un écrin de douceur où les cordes se prélassent, dans une abstraction légère qui peut évoquer les usages des cordes chez Bartók. Plus loin, « Frankenstein », composition collective, est un puissant vecteur d’étrangeté.
Mais c’est peut être avec « Oy Rana Rana » que le duo retrouve sa passion première, avec cette lecture d’un traditionnel Belarus pleine d’une légèreté mutine. On a plaisir à écouter cette musique qui parvient à charmer sans chercher la joliesse, l’approche très douce du duo, nullement performative, est un temps suspendu aux teintes pastels qui sied à merveille aux deux interprètes, par ailleurs excellents compositeurs.