Tribune

Feuilletons radiophoniques et jazz

Deux séries de podcasts autour du jazz


© Radio France

Parmi une abondante proposition de programmes en podcast et en tous genres, deux séries retiennent l’attention. Plus qu’une toile de fond, le jazz y figure au premier plan.

Le Feuilleton est une émission quotidienne diffusée sur France Culture du lundi au vendredi de 20 h 30 à 21 h 00. Depuis sa création, elle compte une impressionnante liste d’adaptation de livres, de récits biographiques, mais aussi de créations originales. Et puisqu’il s’agit de création radiophonique, la musique prime. Parmi les œuvres de Balzac, Zola, Brontë ou Despentes, le jazz occupe un petit espace brillant grâce à deux très belles séries.

À commencer par l’adaptation de Viper’s Dream, drame policier de Jake Lamar, ici réalisée par Laurence Courtois. La série de dix épisodes nous plonge dans les clubs de jazz new-yorkais de 1930 à 1960 où l’on suit l’ascension de Clyde Morton, dit Viper, arrivé d’Alabama pour devenir musicien professionnel, mais qui se révélera bien plus doué dans le deal de marijuana. On suit également de près l’évolution de la création musicale, l’arrivée du be-bop, du rock’n’roll, le déplacement des clubs de Harlem vers la 52e rue, le racisme, la corruption, toute une toile de fond dont les personnages se nomment Thelonious Monk, Charlie Parker, ou Miles Davis. Outre la qualité d’interprétation des comédien.ne.s (pas moins de quatre-vingt-cinq sur la série), le soin porté à la bande son est remarquable. Le choix des morceaux, congru, sublime certaines scènes lorsqu’un « Lonely Woman » ou une « Fleurette Africaine » les enrobe.

La seconde série est une fiction en cinq épisodes de Sophie Lemp, réalisée par Juliette Heymann. Billie Holiday, Night & Day imagine les derniers instants de la chanteuse, les pensées qui la traversent. Depuis son lit d’hôpital, entre la vie et la mort, elle se souvient des moments et des personnes qui ont compté, s’adresse à l’enfant qu’elle n’a jamais eu. Une plongée au cœur de la solitude, de l’intime, sans fard mais jamais prosaïque. Alternant chansons et récits, ce feuilleton musical est un hommage délicat, tendre et porteur d’une grande poésie.