
Fidel Fourneyron
OKO
Fidel Fourneyron (tb), Thibaud Soulas (b), Antoine Paganotti (d).
Label / Distribution : Uqbar
Fasciné par la culture afro-cubaine, le tromboniste Fidel Fourneyron propose avec OKO une alternative plus intimement jazz à ¿ Qué volá ?, toujours en compagnie du contrebassiste Thibaud Soulas, avec qui il menait déjà ce projet inspiré par les Caraïbes. Il y a une vraie synergie entre le trombone et la contrebasse, parce que ces musiciens se ressemblent : volontiers discrets dans leur approche, ils se révèlent d’une élégance peu commune, d’une simplicité qui va droit au but. « Iroko », et son introduction rythmique volontiers chaloupée que Fourneyron embrasse d’un jeu de coulisse leste et précis, en est un exemple. Le propos est vif et sans artifice, avec ce qu’il faut de grâce pour ne pas avoir besoin de se perdre dans une vaine virtuosité.
Oko est un panthéon. Ce sont les Orishas, ces divinités que l’esclavage a transportées d’Afrique de l’Ouest en Caraïbes, que le trio met à l’honneur. Troisième arête du triangle, le tout aussi élégant batteur Antoine Paganotti qui est le grand régulateur de la colère des dieux. Si « Odduduwa » peut se révéler vindicatif ou plutôt moqueur dans la danse des cymbales, la plupart des thèmes, à l’instar de « Aja », sont davantage placides ; c’est même avec une certaine bonhomie que le trio aborde sa galerie de portraits. Seuls comptent les pas de danse et la joyeuseté alentour, qui transparaît dans chacune des compostions de Fidel Fourneyron.
La prise de risque n’est pas le sujet de cet OKO. Le disque est court et joyeux, ensoleillé sans chercher l’exotisme. On sent avant tout le plaisir du tromboniste à jouer avec ces partenaires-là, et à offrir des instants de pure camaraderie comme ce solo remarquable de Soulas sur « Babalu Aye » auquel le trombone répond avec à-propos. Fidel Fourneyron est sans conteste l’un des meilleurs représentants de son instrument et ce disque tout simple, à son image, en témoigne joyeusement avec une pointe de candeur. Il n’est parfois nul besoin d’aller chercher plus loin le plaisir.