Chronique

Fidel Fourneyron

Animal

Fidel Fourneyron (tb, comp), Joachim Florent (b), Sylvain Darrifourcq (dms).

Label / Distribution : ONJAZZ Records

Pour membre assidu de l’actuel ONJ qu’il soit, Fidel Fourneyron n’en est pas moins un musicien polymorphe qui a su déployer les fastes de son trombone en de multiples – et toujours passionnantes – occasions depuis un bon nombre d’années maintenant, bien avant qu’il n’intègre la bande à Olivier Benoit. On pourra citer Radiation 10, l’Umlaut Big Band ou des collaborations aux formations de Marc Ducret. Dans la période récente, Fourneyron s’est illustré au sein du trio Un Poco Loco dont le récent Feelin’ Pretty s’est présenté comme un hommage joyeusement détourné aux comédies musicales, bien mieux que tous les musicaux du monde ou autres feel good movies édulcorés, ainsi que le soulignait notre camarade Franpi dans sa chronique du disque. On n’oubliera pas non plus High Fidelity, un exercice solitaire et charnel que Philippe Méziat, de son côté, n’hésitait pas à comparer à un acte d’amour.

Cette fois, c’est la cause animale que défend Fidel Fourneyron. Et pour mener correctement son affaire, il n’est pas venu seul, constituant un trio de choc avec son complice de Radiation 10 Joachim Florent et le bouillonnant Sylvain Darrifourcq à la batterie. Avec de tels comparses, on sait d’avance que l’aventure sera au coin de la note. Et le résultat, qui a pour titre Animal, est exemplaire, ni plus ni moins.

D’abord parce que la démarche résolument figurative de la musique jouée par le trio fonctionne à merveille au fil des bestioles mises en scène. Il y en a huit au total (singe, chat, fourmi, baleine, bison, coq, souris, loup) et chacune fait l’objet d’une description sonore qui suggère ses mouvements ou les sonorités qu’elle émet. Pas de doute, on saute un peu partout avec le singe, on avance en colonne avec la fourmi, on meugle aux côtés du bison et son pas lourd, on chante avec la baleine… Au point qu’on se dit qu’un tel disque devrait aussi faire la joie des enfants dont l’imagination sera sollicitée au fil des rencontres. Un beau cadeau pour eux.

Ensuite parce que Fourneyron, Florent et Darrifourcq font une démonstration pleine de jubilation. Ils sont passés maîtres en modelage de formes sonores et savent solliciter de manière très ludique toutes les ressources de leurs instruments, que celles-ci soient rythmiques ou harmoniques. Animal est un précipité d’inventions, qui peuvent prendre la forme de chamailleries bondissantes (« Singe » par exemple) aussi bien que de pauses de nature beaucoup plus contemplative (majestueuse « Baleine »).

Voilà un bestiaire dont la fantaisie n’a pas fini de nous réjouir. Et la musique, d’une grande densité, de nous nourrir.