Flukten
Flukten
Hanna Paulsberg (ts), Marius Klovning (g), Bárður Reinert Poulsen (b), Hans Hulbækmo (dm).
Label / Distribution : Odin Records
Après un premier album salué par la presse européenne, les Norvégiens de Flukten, quartet réunissant les fortes têtes du jazz et des musiques improvisées du pays, récidivent avec un second album qui porte leur nom, Flukten, qui signifie « s’enfuir » en norvégien. S’enfuir d’où ? Indéniablement de la fadeur et du consensus. On retrouve aux avant-postes la saxophoniste Hanna Paulsberg qui donne à ce disque paru chez Odin une pugnacité par son jeu de rupture, plongée dans l’acidité des cordes, la guitare de Marius Klovning en tête. Sur « Mandela », Paulsberg et Klovning jouent la fusion pour faciliter l’urgence d’une paire rythmique impeccable. On savait le contrebassiste Bárður Reinert Poulsen très à l’aise à l’archet (« Dekonstruert Komle »), il s’affirme également en tant que ligne directrice sur un jeu très nerveux, porté par des pizzicati très secs. Mais c’est Hans Hulbækmo qui est aux commandes dans ce dernier morceau tout comme dans « Flukten ». Un jeu précis, taciturne mais efficace, qui donne de l’allant à cet orchestre.
Car, même si c’est Hannah Paulsberg qui est repérée plus sûrement en Europe, on comprend que ce second album est avant tout le projet d’Hulbækmo qui signe la plupart des morceaux. Sur « Sir Henry », petit moment de douceur orchestré par Poulsen, Hulbækmo est aux portes du silence, proche de l’effacement, mais joue de nombreuses couleurs dans la finesse des ses effleurements. Le quartet joue simplement, et Paulsberg ne cherche nullement la surenchère ; quand il y a des ruptures, elles sont avant tout rythmiques, portées par une contrebasse soyeuse, notamment lorsque la guitare prend en charge la rigueur rythmique.
Légère et languissante comme une nuit d’été sur le cercle polaire (« Bjorni Sover »), la musique de Flukten célèbre l’excellence d’un jazz contemporain qui ne confond pas sobriété et facilité. C’est notamment grâce à une guitare qui s’inscrit dans un entre-deux complexe et protéiforme, où s’agitent les différentes influences des musiciens qui ne s’interdisent rien. Sur « Omar’s Theme » par exemple, on est suspendu au jeu d’équilibriste de Klovning qui signe le morceau ; ici comme ailleurs, on est séduit par le jeu toujours solaire d’Hanna Paulsberg qui irradie un orchestre talentueux et discret.