Chronique

Gaëtan Nicot Quartet

Rhapsodie

Gaëtan Nicot (p), Pierrick Menuau (s), Sébastien Boisseau (cb), Arnaud Lechantre (dm)

Label / Distribution : Tinker Label

Auteur en 2015 d’un ludique (quoique sensible) Jazz Radiophonique Eighties, le pianiste Gaëtan Nicot revient au volant d’un quartet rutilant qui vrombit avec finesse et nous invite à un voyage rêveur. Signées de sa plume, les compositions dévoilent des climats impressionnistes mis en mouvement par des harmonies claires-obscures et la chaleur de mélodies chantantes. Génératrices d’un swing sous-jacent, elles méritent toutefois une attention particulière que l’évidence de leur déroulé pourrait nous faire négliger. Les bifurcations à propos, les relances souples et les ponctuations délicates disposées sur le parcours garantissent une dynamique jamais démentie le long de huit plages qui font de ce répertoire celui d’un authentique groupe.

En parfaite adéquation avec les partis pris esthétiques de leur leader, ses partenaires sont, en effet, pleinement à leur aise et rivalisent d’inventivité lors de conversations spontanées. Au plus près de la source pulsatile que la batterie d’Arnaud Lechantre alimente intelligemment, Sébastien Boisseau donne du corps à la rythmique par le boisé de sa contrebasse. Ses contrechants subtils entretiennent un feu de phrases décontractées qui croisent et enlacent celles des autres musiciens : Geoffroy Tamisier dont la trompette est invitée sur un titre ou encore Pierrick Menuau. Par son sens de l’ellipse, sa retenue aérienne et un sens indéniable du blues bien ancré au fond du son, son saxophone éclaire le groupe et se fait le partenaire complémentaire du pianiste. Ce dernier, autant soliste que coloriste ou chef d’orchestre, avec beaucoup de délicatesse et sans jamais envahir le devant de la scène ; propose un jeu raffiné qui ne manque pas d’attaque et d’équilibre entre une main droite loquace et une main gauche solide.

Evoquant l’excellence de musiciens comme le Coltrane du début des années 60, McCoy Tyner ou encore Wayne Shorter, il ne situe pourtant pas dans un copiage bête et froidement technique. Réinvestissant plutôt les vertus qui étaient celles de ces musiques par le passé, le quartet leur redonne son actualité et sa vitalité. Surtout, le disque est l’hommage personnel d’un musicien pour qui le jazz irrigue naturellement les veines.