Chronique

Barbares

Débris d’orgueil

Jean-Marc Foussat (synth), Jean-Luc Petit (ssn, bcl), Christiane Bopp (tb), Makoto Sato (dms)

Label / Distribution : FOU Records

Commençons, pour une fois, par le milieu. Quelque dix minutes après le début de la première piste et une quinzaine après celui de la seconde (enregistrées live comme il se doit, pour ces musiques à exemplaire unique), le quartet atteint un paroxysme galvanisant et trouve un équilibre dans le son d’une parfaite homogénéité. Canalisé par la batterie fortement pulsatile de Makoto Sato mais excité par les bidouillages multi-directionnels des synthétiseurs de Jean-Marc Foussat, le sopranino de Jean-Luc Petit se tord en tout sens, soutenu par le trombone imperturbable et pointilliste de Christiane Bopp. Tout est parfaitement à sa place, la machine tourne à plein régime.

Et ce régime, pour ces citoyens des territoires inouïs qui s’autoproclament barbares, est parfaitement démocratique. Familiers du label (L’écorce et la salive réunit Petit et Bopp, … d’où vient la lumière Petit et Foussat) ou résident régulier de la maison mitoyenne Improvising Being (pour le Japonais), ces quatre-là savent que l’épanouissement des individualités passe par une attention soutenue et responsable portée au collectif. Les timbres mêlés et la complexité changeante des dynamiques en sont d’ailleurs un bel exemple, qui finissent par dessiner un territoire impeccablement circonscrit.

De là, une variation continue de propositions qui sont les caractéristiques de chaque instrumentiste - ou leur charme, c’est selon. Des phrases mélodiques se glissent en coulisse, une clarinette contrebasse contribue au rayonnement obscur de l’ensemble, là des bris de voix inquiétantes agacent l’oreille, ailleurs la rythmique colore et cette couleur est géométrie. Bref, le tout tient par les détails qui le composent et les lignes fortes de ce parcours racontent l’histoire ensauvagée qu’il nous est donné d’entendre. Et que ceux qui n’aiment pas aillent se faire voir par les Grecs.