Chronique

Gelber Flieder

Ölbaumgewächse

Yves Arques (objets, électroniques), João Camões (alto), Luise Volkmann (saxophone)

Label / Distribution : Creative Sources

Dans le prolongement de Pareidolia mené avec Gabriel Lemaire en 2019, l’altiste portugais João Camões et le pianiste français Yves Arques (qui délaisse ici son instrument au bénéfice d’objets et d’électronique) constituent un nouveau trio avec la saxophoniste allemande Luise Volkmann. Enregistrée en direct en 2016, cette prestation d’un seul tenant et d’une durée de trente minutes arpente une nouvelle fois les territoires de la musique improvisée avec un notable sens de la douceur.

Avec en guise d’introduction une comptine allemande pleine d’humour, l’ensemble se place d’emblée dans l’invention d’un monde flottant. Le mouvement part d’un pointillisme principalement assumé par les coups épais mais non violents de l’alto, et s’installe peu à peu tandis que l’intensité trouve sa force dans la proximité des cordes et le souffle du saxophone qui avancent à l’unisson. En contrepoint, voire en élément perturbateur, un piano à pouces égrène quelques notes métalliques comme autant de petits cailloux qui roulent à la surface du son.

Gelber Flieder laisse émerger un continuum consonant (à leur manière toutefois, loin de l’harmonie traditionnelle) où l’une des trois voix assume le prolongement de la pensée musicale quand les autres l’abandonnent. L’effacement des transitions et l’absence de contrastes forts sont autant de manières de maintenir l’unité collective et d’envisager le geste musical dans son aboutissement formel. Ainsi voit-on, à la suite d’un mouvement ascensionnel, le propos s’ouvrir sur un paysage magique minimaliste où chaque élément trouve sa place et permet l’élargissement de la sensation d’espace.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 31 janvier 2021
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