Chronique

Sonar

Tranceportation. Vol.2

Stephan Thelen (eg), Bernhard Wagner (eg), Christian Kuntner (eb), Manuel Pasquinelli (dms) + David Torn (eg)

Label / Distribution : RareNoise Records

Formation suisse vieille d’une décennie, Sonar compte une poignée d’albums à son compteur. Adepte d’une musique rock sophistiquée aux accents industriels et lancinants, ce line-up de pistoleros invite, une nouvelle fois, David Torn pour le second volet de Tranceportation (le premier volume est sorti en 2019). Figure de l’alternatif américain, proche de Tim Berne et auteur des redoutables Prezens et Sound of Goldfinger (dont il ne faut jamais manquer de clamer la démesure démiurgique), le guitariste est ici dans son élément et apporte une touche supplémentaire à l’univers des Helvètes.

À partir de riffs minimalistes efficaces, le quintet échafaude des constructions au long cours dans lesquelles l’improvisation tient une place d’importance. Pas de prouesses individuelles ni de solo autocentré pour autant, il s’agit plutôt de soigner les climats. La rondeur est le mordant de la basse de Christian Kuntner pose des fondations solides et confortables doublée par la batterie obstinée et frappeuse de Manuel Pasquinelli. Embrasant la rythmique, des textures variées viennent s’entremêler de manière froide et millimétrée. L’oreille verse dans un halo sonore en perpétuelle vibration, happée par les itérations hypnotiques des guitares.

À y écouter de plus près toutefois, le propos est martial mais pas monolithique. Les effets tranchants de Stephan Thelen et Bernhard Wagner au côté de ceux de Torn, les phénomènes d’échos et de paraphrases, quelques plaintes métalliques également qui montent de ce bain tumultueux, produisent un effet d’accoutumance et de sidération jouissive.


On trouve sur le bandcamp du groupe les deux disques en écoute intégrale ainsi qu’une version remixée par les soins de Bill Laswell qui vaut également le détour.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 24 janvier 2021
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