Chronique

HAŁVVA & Timothée Quost

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Timothée Quost (tp, mic, mixer), Kamil Piotrowicz (casio, make noise 0-coast, organelle s, op-1 synth), Jacek Prościński (dms).

Label / Distribution : Waxing Crescent Records

Kocewka, un village abandonné au centre de la Pologne. Un lieu peuplé de loups, de daims, de chevreuils, encerclé de forêts et de champs à perte de vue, où la nature a repris ses droits.

Le producteur Kamil Pater y a hérité une maison, dans laquelle il a installé un studio. C’est ici que le duo HAŁVVA a invité Timothée Quost, rencontré à Copenhague, et en concert dans le coin, pour une session d’une heure. Une heure capturée, restituée sur cette cassette, témoin de la spontanéité d’une session musicale improvisée, qualifiée par ses protagonistes d’instinctive. Elle est en tout cas inspirée. Par un environnement sauvage, ça ne fait aucun doute.

HAŁVVA est un duo qui cultive son unité. Les nappes sonores de Kamil Piotrowicz ne semblent pas s’ajouter aux vagues percussives de Jacek Prościński, ni se superposer : elles s’assemblent et brouillent les pistes. On perd de vue le travail individuel, l’écoute d’un seul musicien, d’habitude si facile. Il ne reste qu’une entité sonore qui évolue et véhicule un torrent d’émotions. Timothée Quost trouve avec ce duo un écrin dans lequel il évite habilement l’écueil de la pièce rapportée. On le perd à son tour, tout autant.

En s’immergeant sans retenue dans cette musique au nom imprononçable, il est possible de se perdre aussi, faute de repères auxquels se raccrocher. Ça va vite, ça vous emporte. Si on choisit de s’abandonner, s’ouvre alors la possibilité d’une expérience sonore qui s’engouffre en soi et devient sensorielle. Il s’agit alors de faire l’expérience que la musique n’est pas extérieure à soi.

par Raphaël Benoit // Publié le 12 novembre 2023
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