Scènes

International Jazz Day à l’AJMI

Compte-rendu de la Journée Internationale du Jazz en Avignon


« Avant la Journée Internationale des Travailleurs, l’International Jazz Day à l’AJMI ! »
C’est ainsi que le chroniqueur, nanti d’une pile de flyers fournis par Sandie Safont, inlassable militante du jazz citoyen, et qui faisait alors office de chargée de communication pour la vénérable association avignonnaise, abordait les passants dans la vénérable Cité des Papes.

Déambulation jazzistique en Avignon : Bernard Santacruz, Thierry Daudé, Sandie Safont, Samuel Silvant, Aymeric Avice (Photo Pascal Arnaud)

Il faut avouer que les quelques touristes présents semblaient alors quelque peu blasés de la profusion d’offres culturelles (pourtant hors saison festivalière). N’empêche, l’association fondée par le sage Jean-Paul Ricard sait s’y prendre pour appâter le chaland !

Prenez quelques fous d’impro ; trimballez-les au vu et au su de toutes et de tous dans les places du centre-ville et vous aurez quelques bonnes surprises sur la réception d’un jazz des plus libres. Loin de la caricature d’une animation jazz comme il peut en fleurir aux quatre coins de l’hexagone, le quartet Double Jeu, nanti de deux trompettistes diaboliques (Thierry Daudé, Aymeric Avice), allume un feu de notes infernales au pied du Palais des Papes, soutenu par la rythmique lascive des démons de première catégorie que sont Bernard Santacruz (contrebasse) et Samuel Silvant (batterie).

On devait retrouver le quartet sur la scène derrière le bâtiment si catholique pour un set ensorcelant, juste avant l’une de ces jam-sessions qui, en ce lieu, prennent souvent des allures de sabbat. Non sans avoir précédemment convié sur l’estrade la fanfare Les Locataires, l’un de ces ensembles renouant avec le caractère festif d’un Lester Bowie Brass Ensemble ou encore avec les inclinations révolutionnaires du Liberation Music Orchestra. Signalons que cet ensemble est né d’ateliers dirigés par Daudé et Silvant, regroupant professionnels et amateurs.

Lorsque le batteur Samuel Silvant dirigeait l’ensemble avec force gestuelle de sound-painting, conduisant la fanfare des abords de la banda occitane aux rives du free-jazz en passant par une clave latine chaude comme les braises de l’Hadès, il aurait mérité le bûcher recta en d’autres temps ! On ne se prononcera pas sur la déconstruction d’un « Abide With Me », qu’un Monk hérétique avait déjà en son temps détourné de sa sainte vocation (le thème souvent attribué à Monk étant le détournement d’un cantique dont l’origine se perd dans la nuit des temps).

L’International Jazz Day à l’AJMI, c’étaient aussi des représentations scéniques des ateliers pédagogiques menés par l’association, qu’il s’agisse de AJMI Mômes ou encore des actions menées avec des lycéens et des étudiants.