Chronique

Jacques Ponzio & Africa Express

Abidjan Memories

Jacques Ponzio (p), Alain Venditti (ts, ss), Patrick Gavard-Bondet (g), Fred Accart (b), Nicolas Aureille (dm)

Label / Distribution : ACM Jazz Label

L’éminent monkologue phocéen Jacques Ponzio (il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le Moine) propose une version live de ses compositions, dans une veine a priori jazz-rock qu’il avait creusée lors de précédentes configurations de son combo. Les titres sont enregistrés lors de concerts dans les clubs régionaux : le regretté U-Percut, qui se situait sur la rive gauche du Vieux Port de Marseille, dans lequel foisonnaient les jam-sessions et les concerts ; le toujours actif Jazz Fola, dans la banlieue d’Aix-en-Provence. Le travail de masterisation de René Pérez-Zapata, le boss du label ACM, est remarquable en ce qu’il permet d’homogénéiser les sons de lieux aux configurations acoustiques tout à fait différentes.
Il ne reste plus alors qu’à se faire embarquer dans l’onirisme africaniste des titres (le boss a vécu 8 ans en Côte-d’Ivoire dans sa jeunesse et a traîné ses guêtres dans les pays alentour), dont les harmonies doivent beaucoup à l’appétence du pianiste pour Monk et Satie, et, tropisme pour le Continent Noir oblige, aux incantations d’Abdullah Ibrahim ainsi qu’au sens du rituel militant de Chris McGregor.
Sur ces structures souples et amples, les compères de Ponzio s’en donnent à cœur joie. Certes, la contrebasse poétique de Jean-François Merlin, présent sur le second album, n’est plus là, mais Fred Accart, à la basse électrique, déploie des lignes groovy à souhait. Quant au batteur, Nicolas Aureille, l’ampleur de son jeu déploie des trésors de nuances. Certes, le pianiste n’en impose pas - il reconnaît volontiers qu’il n’a pas le talent de ses partenaires - mais il n’en propose pas moins de méchants clusters sur lesquels les solistes que sont Patrick Gavard-Bondet, p… de guitariste, et Alain Venditti, shortérien en diable, développent des propos enfiévrés, comme possédés par ses contes de griot.
Gageons que l’afro-beat spirituel teinté de high-life idéel d’Africa Express se déploiera encore dans les années à venir.