Chronique

Jason Adasiewicz’s Rolldown

Varmint

Jason Adasiewicz (vib), Josh Berman (cnt), Aram Shelton (as, cl), Jason Roebke (b), Frank Rosaly (dm)

Label / Distribution : Cuneiform Records/Orkhêstra

Chicago accueille une des scènes musicales les plus riches de ce début de siècle. Entre les groupes issus du (post)rock tels Tortoise ou Gastr Del Sol, l’historique et fondamentale Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM) et les descendant de ces différents glorieux anciens, elle n’a rien à envier à New York.
Les cinq membres du Rolldown de Jason Adasiewicz, notamment entendus avec Rob Mazurek, Ken Vandermark et Nicole Mitchell, font partie de ces nouveaux venus qui, nourris au rock et au jazz, proposent régulièrement des disques mariant à merveille tradition et modernité.
Varmint réussit le tour de force d’offrir une musique jouissive, qui swingue comme rarement tout en étant d’une fraîcheur salvatrice. Sans avoir l’air d’y toucher, les cinq musiciens s’ébrouent dans un jazz historiquemaist y apportent leur touche toute personnelle. Derrière une grande maîtrise instrumentale, Rolldown nous ramène aux glorieuses années Blue Note, celles de Jackie McLean, Bobby Hutcherson, Graham Moncur, la musique des passeurs — les pieds dans la tradition et la tête dans le futur ; pour autant, tout au long du disque ça sent le jazz à plein nez, mais le souvenir des années 1950 et 1960 sert de tremplin à une œuvre contemporaine.
Compositeur intéressant, Jason Adasiewicz apporte au groupe la trame et l’espace nécessaires aux développements toujours à la limite entre In et Out, dans un assemblage de sonorités qui fonctionne parfaitement (cornet, alto et clarinette, vibraphone, contrebasse, batterie). Il faut d’ailleurs noter que le vibraphone du leader, batteur à l’origine, apporte la couleur si particulière déjà remarquée au sein de l’Exploding Star Orchestra [i] et du quintet du cornettiste Rob Mazurek [1] ou avec les Luky 7s [2]. Autour du vibraphoniste, la paire Josh Berman/Aram Shelton alterne entre puissance et volubilité (pour le saxophoniste) et le jeu sur les nuances sonores et les déviations mélodiques (côté cornettiste). Difficile de ne pas souligner aussi la performance de la paire rythmique qui, en plus de swinguer merveilleusement, ne se gêne pas pour tisser des lignes fourmillant d’idées qui nourrissent les idées des solistes. Avec Varmint, partez à la découverte de cette scène jubilatoire. Attention, peut créer une accoutumance…

par Julien Gros-Burdet // Publié le 29 mars 2010

[iWe Are All From Somewhere Else, Thrill Jockey, 2007 ; Exploding Star Orchestra With Bill Dixon, Thrill Jockey, 2008.

[1Sound Is, Delmark, 2009.

[2Pluto Junkyard, Clean Feed, 2009.