Jazz à Vienne 29/6/10 : Wayne Shorter
Elliptique…
L’homme de toutes les aventures musicales, compagnon de Miles Davis, d’Herbie Hancock ou de Joe Zawinul se produit pour la septième fois au Théâtre antique avec un évident plaisir de brouiller les pistes.
La scène viennoise accueille ce soir là un monument du jazz qui, au fil de sa carrière s’est immergé dans des univers différents et a joué, entre autres, avec les mythiques Jazz Messengers - au sein desquels il s’est imposé comme un compositeur remarquable aux conceptions harmoniques originales -, mais aussi Miles Davis ou encore Weather Report : le saxophoniste Wayne Shorter, 77 ans bien tassés. Il aurait l’âge de gérer son important capital musical et de se livrer à d’autres exercices. C’est mal le connaître : le saxophoniste ne veut pas lâcher le morceau, et continue son exploration méthodique de la planète jazz avec un appétit juvénile.
Quitte d’ailleurs à ce que le plaisir s’exprime surtout en petit comité, en l’occurrence avec le quartet de pointe qui l’accompagne épisodiquement depuis bon nombre d’années (Danilo Perez au piano, John Patitucci à la contrebasse et Brian Blade à la batterie, un cogneur) ; quitte aussi à ce que le public ait du mal à le suivre. Car si le style reste sous influence coltranienne, on a du mal à se couler dans ces arcanes, ce jeu tumultueux et contrasté qui lâche la bonde à la démesure rythmique et dont la liberté mélodique est la règle. Aucun doute, la musique de Wayne Shorter est plus audacieuse et elliptique que jamais. On suit ou on ne suit pas, mais ce n’est pas son problème, il poursuit sa trajectoire. C’est sans doute ce qui lui permet de préserver l’évident plaisir qu’il prend à brouiller les pistes.