Chronique

Jim Snidero

Far Far Away

Jim Snidero (as), Kurt Rosenwinkel (g), Orrin Evans (p), Peter Washington (b), Joe Farnsworth (d).

Label / Distribution : Savant Records, Inc.

À l’heure où le jazz se diversifie autour de la planète et où émergent de multiples projets originaux, une part importante de cette musique affiche une sonorité héritée des années 80, qu’on peut qualifier de typiquement américaine. Est-ce seulement la résultante d’écoles telles que Berklee, qui a formaté le son de nombreux instrumentistes, et non des moindres ? Certainement, mais il y a également une autre explication : beaucoup d’artistes tendent à créer et à pratiquer des musiques dans un cercle de musicien·nes bien souvent prédéfini. Far Far Away s’inscrit dans cette mouvance.

Jim Snidero a grandi dans l’État du Maryland et très jeune, son attirance pour le jazz l’a conduit à étudier avec l’un des plus grands altistes, Phil Woods. Son apprentissage s’est poursuivi dans des grands ensembles comme il est coutume de le faire aux États-Unis, le Mingus Big Band et le Jazz Orchestra de Toshiko Akiyoshi. Il n’est pas seulement un saxophoniste talentueux, il est reconnu comme un éminent spécialiste de l’alto, sa capacité à atteindre des notes suraiguës sur l’instrument lui permet de gagner des octaves.

Son disque publié précédemment, Project K, mettait déjà en valeur Orrin Evans qui rejoint le casting de ce nouvel album, Far Far Away. La vitesse d’exécution avec laquelle les instrumentistes relèvent leurs partitions complexes est stupéfiante, les refrains en deviennent étourdissants. Chaque musicien a régulièrement droit à son solo, Joe Farnsworth déplace ses baguettes avec rapidité dans « Far Far Away », emboîtant ainsi le pas à ses collègues. Les moments d’accalmie surviennent avec « Infinity » qui met en valeur le timbre du saxophoniste et la magnifique composition de McCoy Tyner, « Search for Peace », agrémentée de belles interventions de Kurt Rosenwinkel et Peter Washington. Les accords imbriqués prodigués par le pianiste Orrin Evans dans « Nowhere To Hide » déterminent une pulsation sous-jacente qui soutient le groupe, son solo limpide est également exemplaire.

Far Far Away privilégie l’urgence de l’acte musical tout en y intégrant une part d’élégance. Avec cet album, Jim Snidero confirme sa place d’altiste de premier plan et pour celles et ceux qui veulent se lancer dans l’apprentissage du jazz, il est bon de rappeler que ce saxophoniste émérite a écrit de nombreuses méthodes musicales devenues des références en la matière.