Chronique

Joe Lovano « Trio Tapestry »

Garden of Expression

Joe Lovano (ts, ss, tarogato, gong) ; Marilyn Crispell (p) ; Carmen Castaldi (dm)

Label / Distribution : ECM

Deuxième album du trio Tapestry, mené par le saxophoniste italo-américain emblématique de la Loft Generation Joe Lovano. La formule, discrète, met en espace une musique intime, propice aux espaces restreints dans lesquels elle peut actuellement être écoutée justement, tout en en élargissant les limites sensorielles. S’il nous avait habitués à quelque volubilité post-bop, Lovano choisit ici un registre éthéré, de l’absence presque, alors que, compositeur des huit morceaux, il est bel et bien partout. Une ubiquité paradoxale reposant sur l’intensité des échanges avec la pianiste Marilyn Crispell (une musicienne rare, combinant appétence pour le free-jazz et bagage classique énorme) et le batteur Carmen Castaldi, délicat sculpteur d’espace sonore.

Les histoires racontées sont celles des espaces entre les sons qui finissent par ouvrir à leur tour des perspectives sur d’autres mondes. On ne sort pas indemne de cet atelier de tissage musical introspectif. De « Chapel Song », composé par le leader après qu’il eut été bouleversé par un concert d’orgue dans une église autrichienne, jusqu’à l’emblématique « Zen Like » (où il s’adonne aux gongs et au taragote, cette étrange clarinette hongroise), en passant par les accents peu ou prou monkiens de « Dream on That », le trio voyage sur les ondes spirituelles. Du jazz de chambre donc, fidèle à l’esthétique ECM, sans d’autre prétention que de nous donner à rêver.