Chronique

Laurent de Wilde

New Monk Trio

Laurent de Wilde (p), Jérome Regard (b), Donald Kontonamou (dm)

Label / Distribution : Gazebo

Dans la série des réjouissances monkiennes de l’année 2017, cette proposition de Laurent de Wilde devrait ravir les aficionados du « moine » et même au-delà.
Le pianiste a su combiner sa science « sphérique » avec son appétence pour les « musiques actuelles ». Déjà auteur d’un essai biographique remarquable consacré au grand Thelonious il y a près de vingt ans, De Wilde renoue avec l’esprit, sinon la lettre, de ce dernier. Car si, nonobstant une composition originale, ce disque contient principalement des classiques de l’œuvre du « grand prêtre du bebop », ceux-ci n’en font pas moins l’objet d’un traitement résolument contemporain.

Il reste dans l’esthétique des enregistrements en trio de Monk du début des années cinquante tout en développant un langage de maintenant, avec des figures rythmiques d’une simplicité remarquable. Sans tomber dans le simplisme, il un sens de la synthèse mais garde une folie improvisatrice. De Wilde est bien ce pianiste absolument fou du son qui s’émancipe des contraintes de l’héritage pour mieux goûter la saveur de l’éternelle tentation monkienne.
Franchement, donner à « Misterioso » de tels atours funky, il n’y avait que lui pour l’oser ! Libérer « Pannonica » de sa grille harmonique : il n’y avait pas de plus belle façon de rendre hommage à la Baronne protectrice des jazzmen !
Avec un contrebassiste dont le sens de la sauvagerie le dispute à la douceur (Jérôme Regard) et un batteur dont le sens du swing n’obère pas la couleur (Donald Kontomanou), Laurent de Wilde a parfaitement réussi à transposer dans notre époque le sens du burlesque tragique de son immense prédécesseur.