Le bourdon de Sylvain Rifflet
Le club Moods de Zurich s’est doté d’une plateforme de « VOD »
Sylvain Rifflet (extrait vidéo)
Le club Moods de Zurich s’est doté, comme d’autres, d’une plateforme digitale de « VOD », de concerts donnés en public et très bien filmés.
Une partie de ces concerts est à la location et certains sont laissés en accès libre.
On y retrouve Sylvain Rifflet pour un showcase de vingt minutes, seul sur scène.
Un festival a été organisé en ce lieu, début 2020 : le « Show Me Festival des artistes DIY ». DIY ? « Do It Yourself : fais-le toi-même » ; des artistes qui se débrouillent tout seuls, quand c’est possible.
Il s’agit d’un concert solo, au ténor, à la clarinette, et à la Shruti Box, une sorte d’harmonium sans clavier mais doté de multiples anches qu’on peut ouvrir ou non. C’est un instrument à soufflets, actionné en principe à la main. Ici, il a été doté d’un câble pour un jeu au pied (DIY ?). La musique produite est donc un bourdon, modulable en cours de route en manipulant lesdites anches.
- Shruti Box (extrait vidéo)
Naturellement, cela attire le regard. Mais cette box s’intègre parfaitement au projet musical.
Car il s’agit ici de chants, souvent de mélopées d’un ailleurs non identifiable, vaguement de l’Orient, mais lequel ? Peu importe car il s’agit d’abord de voyager dans notre sensibilité, aiguillonnée par celle de Sylvain Rifflet.
Seul sur scène, il parvient à gommer tout l’aridité associée à ce type d’exercice. Le dénuement fait partie de ce voyage, de cette errance poétique. Et ces chants sont hors thème, des mélodies qui pourraient être sans fin. Elles distillent une forme d’hypnose douce.
Il ne s’agit pas que de lignes mélodiques, le saxophone étant parfois rudoyé, les clés claquant sous les chocs, les dents serrées sur le bec.
Il nous captive ainsi par ce dispositif minimal, par ce jeu et cette présence sans emphase, par la puissance de ce courant affectif.
Une forme de yoga de l’âme.
En voici un extrait.