Scènes

Mad Maple à la Dynamo

Séverine Morfin, Élodie Pasquier et Aline Pénitot présentent la création Mad Maple.


Photo : Alice Leclercq

En décembre 2017 dans l’intimité de l’Atelier du Plateau, on découvrait le duo naissant Séverine Morfin – Élodie Pasquier. La création avec laquelle les jeunes femmes reviennent, un an et demi plus tard, est tout autre.

Imaginé par l’altiste Séverine Morfin, Mad Maple - l’érable qui devient fou - intègre, outre Élodie Pasquier aux clarinettes, la compositrice et navigatrice Aline Pénitot. Derrière ses machines, cette dernière exploite le potentiel musical des sons de glace, d’eau, de tempête qu’elle a captés avec ses micros.

D’emblée la similitude des timbres de l’alto et de la clarinette basse forme une masse enveloppante. Les deux musiciennes partagent non seulement un spectre sonore rapproché mais également une même utilisation de pédales d’effets, d’octaveurs. Avec Aline, elles tapissent l’espace sonore, nous plongent en fréquences basses, nous immergent en eaux profondes. Dans la pièce intitulée « Collapse », il nous semble qu’elles vont plus loin, étirent le temps, élargissent encore l’espace.

La prise de son d’Aline en 2012 dans une baie au Groenland - « de la glace de mer qui probablement n’existe plus » - sert de trame à la pièce suivante : au ruissellement de la glace répondent en écho roulis et vagues joués par Séverine.
Après l’effet calmant du « ronron » d’une baleine, le vent se lève dans la dernière pièce. Il se mue en tempête, dans un effet de saturation auquel participe le monotron – un synthétiseur de la taille d’une main – joué par Élodie.

L’effet de masse sonore fonctionne : le spectateur ne sait plus qui joue quoi, captif de cette musique multi-sources, à la fois acoustique, issue de captations de la nature et électronique.
Lorsqu’au sortir de la salle l’on se retrouve unanimes sur le fait que le spectacle était trop bref, c’est qu’on tient là un très beau projet, non ?
Un de ses développements possibles passera par une spatialisation sonore, nous dit Céline Grangey, ingénieure du son, pour immerger encore davantage l’auditeur dans ce voyage grand nord, grand large.