Marta Warelis (née en 1986), pianiste d’origine polonaise établie à Amsterdam, a donné aux neuf morceaux de son album solo des titres créatifs commençant (!) par « echoes » et se terminant par « ashes to sea ». Cet élan poétique captivant, dans les deux cas, signifie une entrée sur la pointe des pieds à la fois magique et légère. En vérité, cela ne s’éteint pas à la fin, mais revient sous la forme d’un doux écho pour repartir à nouveau.
Mes propres mots-clés pour décrire le processus de création musicale de Warelis sont : se déplacer calmement sur la plante des pieds, glissade tonale, hauteurs vacillantes, sorties/entrées abruptes dans les formes, échantillonnage acoustique agile, gestalt sonore indéfinissable, groove solide, bribes de rêves, moments élégiaques, poussé par la magie des choses, farces, décalages surréalistes. Et oui, elle accomplit tout cela, avec audace et un peu d’espièglerie, en travaillant sur l’ensemble du corps de son instrument et dans les entrailles mécaniques d’un piano acoustique moderne. C’est précisément parce que son style n’est pas pompeux ou excessif au sens d’un feu d’artifice, mais qu’elle s’en tient à de « petites » idées pointues et à de « petits » rebondissements, qu’il acquiert sa propre magie ludique et convaincante. À l’écoute de ce jeu, les auditeurs peuvent se dire « Houlà ! » ou « Attends voir un peu ! », ce qui les amène à se remettre en question et à être entraînés plus avant dans un Klangerleben [1] intime et intense, comme un effet papillon.
Et, bien entendu, avec ce qu’elle fait et la manière dont elle le fait, Marta Warelis est une force avec laquelle il faut compter dans la musique improvisée européenne. Cet album le souligne grandement. Elle est humblement dévouée à la maîtrise de son art et sera un enrichissement actif et charmant sur le circuit actuel.