Chronique

Mathias Landæus

Path

Tim Hagans (tp),
 Karl-Martin Almqvist (ts), 
Mathias Landæus (p),
 Johnny Åman (b), 
Cornelia Nilsson (d).

Label / Distribution : SFÄR

Mathias Landæus est un pianiste suédois né en 1969. Actif depuis 1996 et un premier album Blåbete paru sur le label Amigo, il est à la tête d’une discographie abondante, que ce soit en trio piano/basse/batterie ou dans diverses autres formations. Il entretient notamment une conversation musicale régulière avec son compatriote saxophoniste Martin Küchen [1]. Récemment, nous l’avions entendu dans le très beau Spirit en compagnie du saxophoniste vétéran Oliver Lake et du batteur à tout faire Kresten Osgood. Pour son nouvel album Path, il est accompagné des fidèles Cornelia Nilsson à la batterie et Johnny Åman à la contrebasse avec qui il forme un trio régulier depuis bientôt six ans, augmenté du trompettiste américain Tim Hagans et du saxophoniste ténor Karl-Martin Almqvist.

L’album débute par « Body », un thème qui rappelle les compositions du groupe norvégien Cortex. Le morceau s’épanche, lentement porté par une section rythmique attentive et discrète, avant que Johnny Åman ne prenne un voluptueux solo. Le morceau bascule alors dans quelque chose de beaucoup plus rapide et rythmé où piano et trompette soliloquent à leur guise avant que tout le monde ne se rejoigne sur la mélodie originelle et ses unissons lancinants. Dans « Reminder », c’est le piano mutin de Landæus qui est à l’honneur, le trompettiste et le saxophoniste n’étant présents que pour souffler le thème. « Mind » est un morceau très typé hard bop, aussi bien dans sa construction que dans l’assemblage des timbres des instruments, pris sur un up tempo des plus entraînants où chacun y va de son solo.

« Free Mess », seule composition qui n’est pas de la plume du leader (elle est de Tim Hagans), déroule une musique lente et élastique, presque distendue où chaque intervention semble millimétrée pour parvenir à instiller une ambiance quelque peu inquiétante. « Spirit » est un long morceau vaporeux dans lequel la tranquille alchimie qui se dégage du trio originel frappe l’auditeur. L’album se clôt dans un murmure avec le beau « Korall », balade équilibriste, porté par une mélodie limpide et une interprétation tout en retenue d’où transpire la grande expressivité des deux soufflants.

par Julien Aunos // Publié le 8 juillet 2024
P.-S. :

[1Quatre albums à leur actif dont le dernier en date Mind The Gap Of Silence est sorti en 2020 chez Clean Feed.