Chronique

Maxime Sanchez Trio

Standards (Live at La Scala Provence)

Maxime Sanchez (p), Florent Nisse (b), Guilhem Flouzat (d).

Label / Distribution : Scala Music

Comme tout·e musicien·ne de jazz qui se respecte, Maxime Sanchez connaît la richesse des standards, ces « grands airs » qu’il faut apprendre à respirer à pleines notes, parfois jusque dans leurs silences. Le pianiste, qui a inscrit son nom au palmarès de la Thelonious Monk Competition, est conscient de la dette qu’il a un jour contractée en poussant la porte de la musique et du jazz. Il sait que les fondations de sa construction musicale reposent sur ces amours, souvent discographiques, cinématographiques aussi. On n’est donc guère étonné qu’il ait ressenti un jour le besoin de célébrer ce répertoire en trio, par-delà les expériences qui furent les siennes (François Jeanneau, Magic Malik, Toine Thys…) ou les formations dans lesquelles il se présente, en leader ou coleader (Kepler, Flash Pig).

Pour cela, il a pu compter sur de solides amitiés. Humilité face à l’ampleur de la tâche consistant à apporter sa propre pierre à un édifice, éradication de tout bavardage et nécessité d’élévation spirituelle sont, chez Maxime Sanchez et ses partenaires, Florent Nisse à la contrebasse et Guilhem Flouzat à la batterie, autant de garanties d’une interprétation brillante mais sans démonstration, loin de là. Si le trio s’inscrit dans la tradition, il laisse néanmoins entendre ici sa « petite musique » où le désir d’épure le dispute à un lyrisme à fleur de touches. On entend ici la vie qui habite chaque note, chacune des prises de parole, chaque élan des trois musiciens portés par la force d’une passion commune. L’équilibre du trio est atteint.

Qu’ils aient ou non écrit eux-mêmes cette partition choisie avec le plus grand soin, ce sont bien les « héros » du pianiste qui viennent vous saluer pendant cet enregistrement Live At La Scala Provence d’Avignon : Lenny Tristano, Charlie Parker, Coleman Hawkins, Jimmy Giuffre, Lee Konitz, Keith Jarrett, Ella Fitzgerald, Duke Ellington… Leur présence pourrait sembler écrasante, mais c’est le contraire qui se réalise tout au long de ces neuf hommages (le dernier, telle une coda recueillie, en solo). Le trio les illumine dans un large sourire et fait la démonstration de ce qu’est le jazz, ce que nous rappelait en son temps Louis Armstrong : la vie. Elle s’écoule ici, charnelle et inspirée, dans une alliance de fièvre et de sérénité. On aurait presque envie d’évoquer l’idée d’un bonheur à portée de doigts…