Chronique

Guilhem Flouzat

Turn the Sun to Green

Guilhem Flouzat (dm, dir), Isabel Sörling (voc), Laurent Coq (p), Ralph Lavital (g), Desmond White (b)

Label / Distribution : Shed Music

Retour à la composition originale pour le batteur littéraire Guilhem Flouzat (qui, c’est heureux, fait figurer les paroles de ses morceaux sur la jaquette). Après son travail autour de standards peu usités lors du projet « A Thing Called Joe », il renoue avec son appétence pour un jazz actuel.

Sa batterie chante avec Isabel Sörling (décidément très présente dans la production phonographique récente), dont la voix instrumentale, parfois canaille (« Mermaids and Marbles »), se love dans les entrelacs de toms et cymbales du leader. Les grooves poétiques de la batterie esquissent des traits sensibles propices à des expressions enchanteresses des musiciens conviés Ainsi de l’ami et mentor du batteur, Laurent Coq qui déroule des pépites de swing sensible au piano, du fidèle Desmond White à la contrebasse - qui développe des lignes comme autant d’explosions à retardement -, ou encore du « nouveau venu » Ralph Lavital à la guitare - impressionnant de maîtrise et d’envie au service de l’ensemble.
Enregistré dans des conditions artisanales à la fin du séjour new-yorkais de Flouzat, cet album s’écoute comme un recueil de contes urbains, oscillant entre désirs d’espace (orientation folk de « Living In the Country ») et souhaits d’introspection (« Thirty One » : belle réflexion musicale sur le passage de la trentaine), sans négliger les pulsations métropolitaines (tentations funk et latines, voire subtilement soul). Un émouvant essai autobiographique où le collectif et l’individuel dessinent des rêves pour des futurs du jazz.