Ping O. D.
The Vacuum
Roeland Celis (g), John O’Gallagher (as), Sylvain Debaisieux (ts), Karel Cuelenaere (keyb), Cyrille Obermüller (b), Gert-Jan Dreessen (d).
Label / Distribution : Whirlwind
Si vous aimez King Crimson et en particulier l’énergie déployée dans l’album Red, ce disque est fait pour vous. Certes, l’époque a changé et le discours de The Vacuum où s’entremêlent les saxophones emblématiques du jazz n’occulte en rien les incursions de la guitare électrique qui à tôt fait de raviver de vieux souvenirs.
La trentaine tout juste passée, Roeland Celis a un objectif, mélanger les genres musicaux et y imprimer son style. Ce guitariste belge a étudié aux conservatoires d’Amsterdam et de Liège et il s’investit actuellement dans deux formations qui mettent en valeur ses compositions, Celestial Planes et Ping O.D. Il participe également activement aux groupes HAST, Close Distance et Ode, renommés sur les scènes belges. Sa rhétorique marque fortement cet album dans « Bolbliksem » où il s’envole dans le final porté par la rythmique efficace de la contrebasse et de la batterie. C’est dans « Silvia » que ce guitariste est déterminant lorsqu’il déploie son jeu empressé qui n’est pas sans rappeler celui de Mike Stern.
Le public français se souvient certainement de Sylvain Debaisieux qui s’est produit dans l’European Saxophone Ensemble de Guillaume Orti, il s’illustre ici par ses interventions brûlantes au ténor et donne la réplique à un altiste déchaîné, John O’Gallagher. Ce saxophoniste américain a passé vingt-cinq ans à New-York et s’est produit aussi bien avec Joe Henderson et Billy Hart qu’avec Mike Formanek et Gerald Cleaver. Il axe ses recherches doctorales sur les structures d’improvisations de la dernière période de la musique de John Coltrane, à qui il voue un véritable culte, et il a publié un livre devenu une référence sur la méthode d’improvisation à douze tons. Karel Cuelenaere crée des nappes sonores aux claviers qui enveloppent les assauts de la rythmique composée de Cyrille Obermüller et Gert-Jan Dreessen.
The Vacuum, évocation du vide, est le fruit des recherches de Roeland Celis qui fait référence à l’isolement dans lequel cette musique fut composée. Entre colère sourde et fébrilité, cet album témoigne de fulgurantes beautés à l’instar du final crimsonien de « Silvia » et de la lascivité de « Wind Farm ».