Chronique

Mike Stern

Echoes and Other Songs

Label / Distribution : Mack Avenue Records

Les aficionados de la six-cordes vouent un culte à Mike Stern : sa vélocité sur le manche de sa Fender Telecaster, ses effets de chorus et de distorsion sont immédiatement reconnaissables. Si les racines du blues sont indissociables du jeu de John Scofield et que des échos de country se fondent dans l’avant-gardisme de Bill Frisell, Mike Stern apparaît plutôt comme un caméléon. Il a développé une capacité à passer très rapidement de phrasés acides issus du rock à des pulsations héritées en droite ligne du bebop. Il est particulièrement à l’aise lorsqu’il soutient rythmiquement un groupe, comme sur l’album More Than Ever de Blood Sweat and Tears, enregistré en 1976, où il s’imposait à seulement vingt-trois ans. Sa production discographique est importante, à l’image de nombreux musiciens américains qui se sont fait un nom mondialement. Ce nouveau disque Echoes and Other Songs témoigne de sa première apparition pour le label Mack Avenue.

La forte envie de partager des lignes mélodiques reste le leitmotiv de Mike Stern, jamais avare de solos inventifs à l’image de « Connections », « Echoes », d’une grande fluidité, « Stuff Happens » qui fait ressurgir des saveurs de blues. Son langage demeure flexible, ce sont d’innombrables musiques qui se superposent, le rhythm’n’blues y côtoie le jazz à l’image de « Space Bar » aux arrangements complexes et millimétrés. Mais le guitariste dévoile également une facette qui témoigne de son attachement à la world music : « I Hope So », magnifié par le saxophone soprano de Bob Franceschini et « Crumbles » qui intègre la guitare traditionnelle ouest-africaine n’goni de son épouse Leni Stern.

Toujours prompt à répondre aux sollicitations de Mike Stern, Chris Potter se taille la part du lion avec de nombreux solos créatifs, « Where’s Leo ? » le voit improviser avec une belle sensibilité musicale. Christian Mc Bride et Antonio Sanchez sont en phase avec les interventions du guitariste, mais n’imaginez pas qu’ils se complaisent à ne produire que des rythmes binaires. Tendez l’oreille sur « Could Be », habité par un phrasé complexe à la guitare et au saxophone ténor : l’intervention soliste à la contrebasse et le jeu des balais sur la caisse claire, agrémenté par la délicatesse de la baguette sur la cymbale ride, ne méritent que des éloges.

Dédié au producteur et pianiste d’Echoes and Other Songs , Jim Beard, décédé en mars 2024, ce disque constitue une agréable surprise dans la carrière prolifique de Mike Stern. Et si l’envie vous prend de vous plonger dans quelques-uns de ses enregistrements majeurs, commencez par le double album live de Miles Davis We Want Miles enregistré en 1981 et où le guitariste improvise divinement.

par Mario Borroni // Publié le 15 décembre 2024
P.-S. :

Mike Stern (g, voc), Chris Potter (ts), Jim Beard (p, keyb), Christian Mc Bride (b), Antonio Sanchez (d), Leni Stern (ngoni), Arto Tunçboyaciyan (perc), Richard Bona (b), Dennis Chambers (d), Bob Franceschini (ss, ts)