Scènes

Sarah Murcia et Kamilya Jubran pendent la crémaillère

Home Factory, une nouvelle salle de l’agglomération rouennaise, à la maison.


Sarah Murcia & Kamilya Jubran © Franpi Barriaux

Rien n’est plus beau qu’une salle qui ouvre. Dans le marasme que nous avons vécu et qui n’est certainement pas derrière nous en termes de conséquences, la chose n’est pas anodine. Home Factory est un projet porté par le contrebassiste Thibault Cellier des Vibrants Défricheurs ; c’est une belle petite salle de 30 places dans la ville de Sotteville-lès-Rouen, populaire cité cheminote attenante à la capitale normande, comme Home Factory est attenant à une typique maison de brique. Pour son premier rendez-vous, la grande famille des contrebassistes était au rendez-vous avec Sarah Murcia, en compagnie de la chanteuse et oudiste Kamilya Jubran.

Fin d’été dans un jardin. Home Factory est à l’image de la rive gauche de Rouen, avec son petit espace herbeux entre deux murs de briques. On est accueilli en famille, mais c’est bien une salle ouverte, avec une programmation pointue qui se présente, avec une belle acoustique profonde et des murs tout blancs à faire saliver les photographes. C’est aussi le chaînon manquant pour les musiques créatives en Seine-Maritime, entre les grandes salles aux programmations contraintes et les festivals. Un espace de création, une factory à la maison, qui a en tête des grands projets et regarde avec intérêt ce qui s’est passé de si beau à Reims, chez Jazzus.

Sarah Murcia © Franpi Barriaux

On entre dans la salle et Sarah Murcia comme Kamilya Jubran sont déjà installées. La contrebassiste connaît bien Rouen, elle venait souvent au Trois Pièces lorsque c’était un club de jazz, il y a quinze ans déjà, à peu près en même temps que sa rencontre avec la chanteuse palestinienne. En disque, sur Nhaôul comme sur Habka, le duo s’accompagnait d’autres cordes. Ici, comme sur le magnifique « Siwa », la musique est plus brute, plus directe. La voix de Jubran est puissante et douce à la fois, et sait nous emmener dans son univers en contextualisant toutes les chansons. La « Suite Nomade #2 » qui éclairait Nhaôul est là aussi un bel échange entre les deux musiciennes. On pourrait avoir en référence Interzone de Teyssot-Gay et Khaled Al Jaramani, mais il y a dans ce duo un couleur plus chaude, une atmosphère plus lumineuse. Sarah Murcia en endosse toute la responsabilité : davantage qu’en disque, sa contrebasse si fluide, si musicale, offre toutes sortes de paysages à la chanteuse. Le prochain rendez-vous de Home Factory est déjà très attendu : le 8, 9 et 10 octobre, les Rouennais Thibault Cellier et Raphaël Quenehen invitent Ben Lamar Gay et Mike Reed dans le cadre de The Bridge. De quoi redonner des couleurs à Rouen.